Sécurité publique : le (...)

Sécurité publique : le préfet Bernard Gonzalez tire la sonnette d’alarme

D’ordinaire, les vœux sont des exercices agréables mais convenus pendant lesquels sont dressés, entre coupes de champagne et petits fours, le bilan de l’année écoulée et les perspectives de celle qui s’ouvre. Mais, par la gravité du ton employé, par les éléments de son discours, la cérémonie que le préfet des Alpes-Maritimes a offerte la semaine dernière aux forces de sécurité a dénoté et marqué les esprits.

"La République est menacée" a prévenu Bernard Gonzalez. "Notre société pourrait basculer dans le chaos car, lorsque l’incertitude sur le règne de la loi et de l’état s’installe, tous les scénarios même les plus dramatiques deviennent possibles, et cela toujours au détriment de ceux qui sont les plus fragiles". Chahuté souvent, martyrisé sans doute, mais toujours "debout, l’état est déterminé à garantir l’ordre républicain sans lequel aucun débat
démocratique n’est possible
".

Des réseaux criminels

Au delà de ces considérations générales, le préfet a évoqué "les quartiers où nous nous efforçons de faire respecter la loi comme partout ailleurs" et le mouvement des Gilets jaunes "inédit par son ampleur, ses formes d’expression et sa violence". Il a estimé que ce sont les forces de l’ordre qui encaissent "pleinement la colère sociale lorsqu’elle s’exprime, en engageant pleinement (leur) intégrité physique et parfois (leur) vie". Sur ce climat social, encore explosif, il n’a cependant pas parlé des blessés des manifestations, (trop) nombreux, qui ne sont pas tous des extrémistes ou des casseurs, et ne peuvent simplement passer par pertes et profits dans le rayon de dégâts collatéraux...
Les A-M, frontalières avec l’Italie, sont un point de passage pour les migrants clandestins, dont 21 000 ont été interpellés l’an passé quelque part entre
Menton et Tende : "La guerre, le dérèglement climatique, la misère ont poussé ces personnes à prendre la voie de la migration dans des conditions humanitaires dramatiques" a souligné le préfet envers qui "des forces politiques et associatives contradictoires" sont à l’œuvre. Un sujet préoccupant, sensible, qui pour M. Gonzalez ne saurait être réduit à "l’antagonisme délétère entre les avocats de la générosité et ceux de la fermeté".
Les menaces "venues de l’intérieur" n’ont pas été oubliées dans la liste des préoccupations du moment. Comme les réseaux criminels, en particulier ceux du trafic de stupéfiants, "dont les auteurs s’inspirant des pratiques mafieuses cherchent à assurer le contrôle de certains territoires".

La lutte contre le djihadisme

Dans une ville qui a été blessée au cœur par l’attentat du 14 juillet perpétré par un djihadiste autoproclamé, le préfet a rappelé à ses services que "des plans de lutte contre la radicalisation ont été mis en place dans les quartiers touchés par ce phénomène. Cette lutte se poursuivra en 2020 qui sera une année de combat contre le communautarisme et contre l’islamisme qui prétend bâtir une contre-République n’étant rien d’autre qu’un carcan archaïque d’obscurantismes. Je demande aux services de renseignements de ne pas baisser la garde".
Des forces de l’ordre - police, gendarmerie, pompiers, douaniers, militaires de l’opération sentinelle etc. - qui seront encore très prochainement mises à contribution pour assurer la sécurité du carnaval de Nice et de la fête des Citrons de Menton. En plus de leurs missions habituelles, qui n’ont jamais rien d’ordinaire...

La sécurité au plus près du terrain

"Trente ans après le début de la montée en puissance des polices municipales, elles sont désormais des acteurs reconnus, indispensables et appréciés sur le terrain. Leur professionnalisme est attesté" a déclaré le préfet qui a noté "la qualité de leur recrutement et de leur équipement". Il a aussi considéré que le futur hôtel de police que l’état et la ville de Nice sont en train de concevoir ensemble "sera un modèle pour les spécialistes de la sécurité dans tout notre pays". Il a salué les systèmes de vidéo protection "très largement déployés dans nos communes (...) qui sont au quotidien un outil redoutablement efficace pour lutter contre la délinquance".
Enfin, les sociétés privées de sécurité "sont des forces de sécurité à part entière". Pour la première fois, elles ont été invitées à cette cérémonie de vœux, ce qui vaut reconnaissance officielle pour leur travail de terrain. "Sans elles, la vie culturelle, artistique, sportive ne pourrait pas être aussi riche. Que d’efforts pour sécuriser les grands événements !"

Photo de Une : Le préfet a reçu les forces de sécurité et les personnalités au palais sarde. (DR JMC)

deconnecte