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Smartcities vs Low tech cities : Quel modèle pour l’avenir de nos villes ? 

Le plus grand salon de l’immobilier entre professionnels, organisé cette semaine à Cannes, a été l’occasion de débats de fond comme celui sur la ville du futur, le mercredi 15 mars.

L’intitulé du débat, au format original (voir encadré ci-dessous), était volontairement manichéen afin de lancer la discussion. Les intervenants devaient se projeter dans 10 ans car cela fait à peu près 10 ans que le concept de Smart City a émergé.
Réana Tahéraly, directrice du développement institutionnel du promoteur Réalités, a été la première à prendre la parole au « Building Tomorrow Stage » (scène du Construire demain) du MIPIM. Elle a d’abord donné quelques chiffres éloquents : dans 10 ans, 60 % de la population mondiale vivra dans des villes et en 2050 elles accueilleront deux milliards d’individus supplémentaires. « En tant que constructeurs, que devons-nous faire : arrêter de produire ? Mais il y a aussi beaucoup de personnes mal logées », a-t-elle poursuivi, rappelant qu’un urbain sur 10 vivait déjà dans des bidonvilles. Les défis sont nombreux : arriver à concilier durabilité, densité et confort. «  Notre industrie a cru que la Smart city allait nous sauver. Aujourd’hui, on ne peut plus se cacher derrière, elle n’aborde pas tous les enjeux, climatiques et sociaux ». Pour Réana Tahéraly, il est devenu incontournable, avant tout projet, de se poser la question de son utilité au regard de ces enjeux. « Et il faut accepter de dire, là, il ne faut rien faire », a-t-elle assuré.

La Smart city n’est pas forcément le meilleur modèle de ville de demain pour faire face aux changements climatiques ©S.G

Loïc Dosseur, directeur général deParis&Co, agence d’innovation territoriale de Paris et sa métropole, plaide pour la mise en place «  d’un outil de discernement de la place de la technologie » tout en rappelant que la technologie de pointe est indispensable. Depuis le niveau -1 du Palais des Festivals, il a fait le rêve que dans 10 ans, ce débat sur la Low tech devienne « un moment fondateur qui marquera un tournant dans l’histoire de la construction  ». «  Pourquoi opposer High tech et Low tech ? », a ensuite demandé Catherine Papillon, directrice Développement durable/RSE chez BNP Paris Real Estate. « Les deux sont nécessaires, c’est une question de dosage. Il faut construire en partant du besoin des gens  », a-t-elle assuré.

Urgence

Charlotte Girerd, directrice Transition, RSE et innovation pour SNCF Immobilier, s’est félicitée de l’existence d’actes fondateurs pour la construction de demain tout en souhaitant que ce soit « le dernier » car « on est dans une urgence ». «  Toute décision doit absolument prendre en compte de ne pas détériorer la situation voire de l’améliorer  », a-t-elle affirmé tout en martelant un maître mot : « mutualiser, mutualiser, mutualiser  », afin d’économiser. « L’économie de la ressource est le grand sujet collectif qu’il va nous falloir traiter », a-t-elle indiqué. Initialement assis dans le public, d’autres intervenants ont pris la parole, invités à le faire par le format du débat.
Loïc Daniel, Directeur général délégué deNexity Entreprises, s’est, lui, projeté plus loin, « en 2050, 2060 », soulignant que le climat serait «  radicalement différent  » et que les bâtiments d’aujourd’hui ne sont pas du tout adaptés à ce qui nous attend. « Que fait-on pour cela ? Il faut trouver des solutions Low tech, pour arriver à se passer de plus en plus d’énergie. Et il faut faire muter le bâti existant ». Alice Chougnet, cofondatrice et présidente de Geosophy (entreprise visant à massifier l’utilisation de la géo-énergie), a souhaité partager sa vision de la Low tech, vue comme « une évolution post-Smart city, encore plus smart ». «  Le mot smart, il faut absolument le garder », a-t-elle appuyé.
Chez GRDF, la Low tech « on y réfléchit déjà », a assuré Antoine Sellier, responsable national Promotion Privée. Cela s’articule autour de trois axes : le juste besoin, le discernement technologique (« pour utiliser la bonne énergie au bon moment ») et l’échelle (en pariant par exemple sur 20 % de gaz vert d’ici 2030). Ce qui est fondamental pour Véronique Pappe, directrice d’Ekopolis, association œuvrant pour le développement durable, c’est « l’intelligence collective  », rappelant que derrière la tech il ne faut pas oublier l’humain. Enfin, Othmane Benhallam, directeur général de Guy Hoquet Marrakech, a souhaité parler d’un monde un peu « oublié » au MIPIM, très loin de ces préoccupations technologiques. "Au Maroc, il y a des villes nouvelles à construire. Où allons-nous les construire ? », s’est-il interrogé.

Un débat au format original : le fishbowl

« Fishbowl, plongez dans le débat  ». Co-développé par MIPIM, RX et Paris&Co, ce Fishbowl (méthode du bocal à poissons) est un débat immersif qui consiste à rendre les spectateurs acteurs et les intervenants, observateurs. Il y a quatre règles à respecter pour permettre au plus grand nombre de personnes de s’exprimer : se lever et tapoter l’épaule de la personne que vous souhaitez remplacer ; respecter la parité dans la mesure du possible ; se présenter lors de la première prise de parole ; enrichir le débat de questionnements et de retours d’expérience (pas de pitch, que des arguments). L’objectif est d’arriver à un résultat différent des habituelles conférences descendantes et de « créer un débat géant entre speakers et observateurs  », ont expliqué en introduction Iswann Ali Benali, responsable Contenus et analyse sectorielle de Paris&Co, et Phoebé de Sousa Passos, cheffe de projet Observatoire Ville durable Paris&Co, qui remplissaient respectivement les rôles de scribe et de maîtresse de cérémonie.

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Visuel de Une DR S.G

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