Taxe d'habitation, (...)

Taxe d’habitation, normes, etc. : les maires des Alpes-Maritimes montent au créneau

Comme une répétition générale pour le rassemblement des maires et présidents d’intercommunalités de France de la Porte de Versailles à la fin de ce mois : le congrès des maires des Alpes-Maritimes, qui s’est tenu ce vendredi au Palais Nikaïa, a abordé les problématiques communes à tous les élus de proximité.

Dans un contexte de défiance envers l’État, accusé de rester sourd aux difficultés du terrain. Voire même d’en rajouter, avec ces normes plus ou moins applicables, un flou peu artistique autour de la dotation de fonctionnement, mille et une tracasseries qui ont déjà fait jeter l’éponge dans les seules A-M aux maires de Castillon, Cantaron, Cuébris, La Penne, Rigaud, Saint Léger, Aiglun et à près d’un millier dans la France entière.

La TH, seule recette stable et pérenne...

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a bien compris cette colère, jusqu’ici sourde, mais qui s’exprime désormais ouvertement. Il a entrepris la tournée des départements pour faire remonter les doléances, pour se poser en "interface" avec le gouvernement et faire comprendre que la France ne se
limite pas à Paris et à quelques grandes métropoles. Il était dans les Alpes-Maritimes il y a quelques semaines, où son message a été bien perçu par ceux qui font vivre avec des moyens limités la démocratie au quotidien. D’ailleurs, ce congrès des maires du 06 s’intitule "Servir le citoyen et agir pour la République", ce qui résonne à la fois comme un programme et une revendication...
"On est tombé sur la tête ! Le gouvernement veut supprimer la taxe d’habitation, qui est une des seules recettes stable et que nous pouvons maîtriser dont nous disposons pour apporter les services à nos concitoyens" s’étrangle Honoré Colomas, président des maires 06. "On ne sait pas comment elle sera remplacée, et des difficultés sont à prévoir alors que nous avons l’habitude de maîtriser nos recettes et nos dépenses". La crainte étant une baisse de la DGF, à l’image de ce qui s’est produit ces dernières années. "L’État s’était pourtant engagé à la réactualiser, ce n’est pas le cas, et toutes les communes ou presque ont connu une baisse".

Des problèmes "locaux" figurent également au menu  : "Quand nous avons appris la mise en examen du maire de Biot suite aux inondations de 2015, les bras nous en sont tombés. Les maires sont considérés comme responsables de tout alors que leurs pouvoirs sont limités" poursuit Honoré Colomas.
Le transfert obligatoire de la compétence "eau et assainissement" (applicable en 2026) vers les intercommunalités fait également réagir : "Cela va coûter beaucoup plus cher alors que ces services sont bien assurés par les communes".
En première ligne, taillables et corvéables, "à portée d’engueulade" de leurs concitoyens, les maires espèrent sans trop y croire qu’ils seront entendus... Beaucoup ne cachent pas qu’ils ne "repartiront pas" en 2020, alors même que de tous les personnels politiques ils sont et de loin les plus appréciés...

Trois questions à Denise Leiboff (lieuche, 50 habitants)

- Dans votre mandat de maire, êtes-vous en souffrance ?
Oui, parce que l’on se rend compte que tout change et qu’on nous demande de plus en plus, alors qu’on n’arrive pas à suivre et que dans nos petites
communes nous ne sommes pas entourés de services. À Lieuche, 50 habitants, j’ai un secrétaire un jour par semaine. Le reste du temps, c’est moi qui fait.

- Il y a une incompréhension de l’État ?
Quand il nous demande de mettre en place des normes, par exemple les
documents pour alerter la population des risques d’inondation ou d’incendie, derrière il faut faire des plans communaux de sauvegarde. Il faut donc monter des commissions, mais moi, tout seule, je fais quoi ? Et l’État nous impose de le faire, nous sommes harcelés par les emails...

- Et l’intercommunalité, c’est une aide ?
Sur notre intercommunalité des Alpes d’Azur, la commune la plus haute est Entraunes, la plus basse est Rosquestéron. Entre les deux, il y a trois heures de voiture... Nous allons être obligés de donner à l’intercommunalité la compétence "eau". Or, jusqu’à présent, s’il faut creuser ou déboucher, on le fait nous-mêmes. Mais pour le même travail, l’intercommunalité va être obligée d’embaucher, donc cela va coûter plus cher, sans compter que le service sera forcément rendu avec retard. Dans notre intercommunalité, les élus prennent zéro centime d’indemnité pour tout laisser à la collectivité. On fait ça par passion, pas pour l’argent.

Photo de Une : Honoré Colomas, président de l’association des maires du 06, entouré de son bureau. (DR JMC)

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