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Tourisme sur la Côte d’Azur : un été "préservé" mais la saison d’hiver sera difficile

Le CRT Côte d’Azur a publié en fin de semaine dernière les données touristiques de l’été et trace les premières perspectives de l’automne : la saison d’hiver sera difficile et même douloureuse, en raison notamment des conséquences dramatiques de la tempête Alex pour nos vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée, et en zones urbaines du littoral, de l’effondrement du tourisme d’affaires et de l’évènementiel. Les perspectives sur la fin de l’année confirment un fort déficit de réservations et une situation qui restera extrêmement fragile. Le CRT et ses partenaires poursuivent leurs efforts afin de préserver le secteur d’activité ainsi que ses emplois directs et indirects.

Quel bilan pour cette saison estivale 2020 ?

Du fait de la mise à l’arrêt simultanée de l’offre et de la demande touristique au printemps, la destination France et la Côte d’Azur ont connu une situation inédite courant 2020.
Après un redémarrage très lent pour la Côte d’Azur, le flux estival s’est progressivement rétabli (56 % de taux d’occupation hôtelier moyen en juillet et 81 % en août), jusqu’à atteindre un pic lors du week-end du 15 août (soit 92 % le 12 août), à un niveau assez élevé et proche des saisons précédentes.
Cependant, il faut souligner les trois éléments négatifs qui ont pesé sur la performance globale de ce cœur de saison estivale :
- une rechute rapide dès la fin août, liée au contexte du retour des tensions sanitaires en Europe (annonces gouvernementales et des quatorzaines imposées par les pays européens),
- l’absence d’une grande partie de la clientèle internationale long courrier,
- une baisse des dépenses, du fait du retrait des clientèles étrangères à fort pouvoir d’achat, mais aussi d’une poursuite de la tendance baissière de la consommation touristique datant d’avant la crise de la COVID.

Au final, ce cœur de saison estivale, s’il a permis de relancer l’activité touristique et montré la bonne résistance de la destination ne suffit pas à compenser les lourdes pertes de chiffres d’affaires en 2020 : plus de 2,5 milliards € estimées sur l’année dont 600 millions € sur juillet-août.

Le marché global du tourisme se trouve durablement ébranlé par la crise de la COVID, et la motivation des voyageurs est en berne.
Cela se traduit notamment par un taux de primo-visiteurs passé de 37 % à 21 % cet été.
À noter enfin que le taux de satisfaction des visiteurs en Côte d’Azur est passé de 89 % de « très satisfaits » en été 2019 à 60 % seulement cet été : ce taux est à relativiser en raison d’une clientèle française non partie à l’étranger avec des habitudes de consommation touristique éloignées de l’offre azuréenne.

Avec un mois de juillet moyen, au démarrage lent mais bien meilleur en fin de mois, suivi d’un bon mois d’août, les hébergements marchands sont parvenus à « limiter la casse », en termes d’activité et d’occupation.
Mais pour y parvenir, les hôtels et résidences ont été contraints d’accorder d’importantes offres tarifaires (en partie compensées grâce à un taux de vente en direct plus élevé que précédemment).
Combinant baisse de l’occupation et baisse des prix moyens, le RevPar hôtelier chute fortement, de – 40 % sur les pôles urbains.
À contrario, il progresse de 13 % pour les locations meublées entre particuliers, du fait de la forte contraction de l’offre mise sur le marché et d’un recentrage sur le haut de gamme, même si les nuitées baissent dans les mêmes proportions que dans les autres hébergements marchands. Parmi les segments observés, celui des séjours français en modes marchands, notamment en résidences de tourisme, est le seul qui ressort en hausse, de + 19 % pour les résidences (nuitées + 22 %) et de + 32 % pour l’aérien tous hébergements marchands confondus.

Clairement, les Français sont venus plus nombreux, même s’ils ont privilégié des hébergements plus économiques, de type locatif, et préféré les espaces moins densément peuplés

Estimation de la baisse de fréquentation globale en juillet-août : - 35 %

Selon les segments de la demande, l’évolution sur le cœur de saison estivale diffère sensiblement. Le secteur aérien est le plus fortement affecté, du fait de la déprogrammation de nombreux vols et de la réticence des clientèles à voyager en avion.
La plus forte baisse concerne les séjours étrangers par avion en hébergements marchands, en recul de - 85 %, les primo-visiteurs et le segment Affaires (mais peu significatif sur cette période).
Le flux de visiteurs s’adressant aux offices de tourisme baisse de moitié
et les visites culturelles baissent d’un tiers.

Dans ce contexte, la bonne occupation des hébergements est à souligner, notamment des Gîtes de France, situés hors des pôles urbains, ainsi que des résidences de tourisme (perte en nuitées limitée à – 12 % globalement,
mais hausse de 3 % en montagne), grâce à une très belle hausse des Français dans les hébergements marchands.
Les durées de séjour sont restées stables.

Des marchés francophones qui ont relativement bien résisté

Même si la clientèle étrangère est en recul
Taux d’étrangers dans les résidences de tourisme
- Juillet : taux passé de 50 % à 30 % des nuitées
- Août : taux passé de 42 % à 21 % des nuitées
Juillet-août : en baisse de – 20 points, de 46 % à 26 % des nuitées en résidences
- Total des nuitées étrangères en résidences : – 53 %
Principales nationalités présentes :
Allemands, Suisses, Belges, Italiens, Hollandais = 7 étrangers sur 10
Seules nationalités en hausse :
Suisse (+ 51 %) et Belgique-Luxembourg (+ 29 %)
Stabilité pour les Hollandais
Données hôtellerie à venir ultérieurement

Évaluation des pertes 2020 fréquentation et chiffre d’affaires

La crise actuelle est de loin la plus grave jamais affrontée par la Côte d’Azur.
La fréquentation 2020 devrait subir un recul de 46 % pour le volume annuel de visiteurs français et étrangers, alors que les crises précédentes les plus graves n’avaient entraîné qu’une perte inférieure à 8 % (volume de visiteurs annuel rapporté à la moyenne des trois années précédentes).
En consommation touristique, le recul est encore plus marqué.

Des perspectives à très court terme orientées à la baisse

Hôtellerie : une rechute très rapide juste après le pic de mi-août
Sur septembre (1 au 27), les arrivées aériennes de touristes étrangers ayant réservé via les GDS reculent de – 94 % par comparaison à 2019.
La même tendance est observée sur les réservations pour octobre.
Le segment aérien ne survit que grâce aux ventes en direct des compagnies, notamment les compagnies low cost, effectuées ou confirmées en dernière minute.
On observe toujours à fin septembre un très fort déficit de réservations.

La poursuite de mesures gouvernementales restrictives en Europe, même justifiée, (y compris le classement en zone rouge de notre Région par l’Agence Régionale de la Santé dès la fin août) entrave la faculté de mouvement et ne permet pas un retour à la normale du marché du tourisme.

La saison hiver sera difficile mais il reste pour la Côte d’Azur une belle carte à jouer auprès des voyageurs français, belges, suisses et italiens aisés, qui fréquentent toute l’année des destinations haut de gamme et préfèreront limiter leur éloignement.
Pour octobre, le taux de réservation a légèrement baissé entre le relevé à fin juillet (13 % des chambres étaient réservées à fin juillet) et celui à fin septembre (11 %).

En clair, les annulations ont été supérieures aux nouvelles réservations.

Entre fin août et fin septembre, le taux de réservation pour octobre n’a gagné qu’un seul point, passant de 10 % à 11 %, soulignant l’absence de dynamique de rebond de la demande.

Pour le mois de novembre, la situation reste très fragile, le taux de réservation a baissé de 9 % à seulement 6 % des réservations de chambres
maintenues, relevé à fin septembre.

Perspectives sur les marchés à moyen et long termes

Pour la Côte d’Azur, les perspectives de performance à venir restent directement liées à la reprise du tourisme international.

Selon l’OMT, la chute du nombre de touristes internationaux sur 2020 devait s’établir entre – 58 % et – 78 %.

La tendance actuelle plus récente pointe vers une chute de – 70 %. Les différents scenari pour 2021-24 prévoient un net rebond en 2021, mais sous conditions d’une épidémie en régression, d’un sensible retour à la confiance de la part des voyageurs et de la levée des restrictions aux voyages d’ici le milieu de l’année.

Il est redevenu essentiel et urgent de renforcer l’attractivité et la part de la destination sur le marché national, et sur chacune de ses cibles en particulier, ce qui a été fait pour soutenir la relance cet été par le CRT Côte d’Azur France, ses partenaires et ses principaux financeurs dont le Département des Alpes-Maritimes et la Région Sud.

Pour David Lisnard président du CRT : "L’enjeu est désormais de retrouver des points de stabilités dans un contexte si incertain et de continuer à donner des perspectives, de rassurer nos clientèles touristiques, de loisirs, comme d’affaires. Plus que jamais, nous devons faire entendre la voix de la filière touristique afin de déployer la stratégie permettant de relancer efficacement l’activité et impulser l’avenir du tourisme en Côte d’Azur France en s’adaptant dans les court et moyen terme à cette situation sanitaire sans précédent. "

Visuel de Une : DR illustration

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