L’année 2024 a été difficile pour les très petites et moyennes entreprises (TPE-PME) de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Selon le dernier Baromètre Image PME du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables PACA, l’activité a reculé de 1,1 % en moyenne sur l’année, avec un quatrième trimestre en baisse de 1,9 % par rapport à la même période en 2023. Ce déclin, cinquième consécutif, reflète l’impact de plusieurs facteurs économiques : inflation, hausse des coûts de l’énergie et pression concurrentielle.
Des disparités selon les territoires et secteurs
Toutes les entreprises de la région, sauf dans les Hautes-Alpes, ont enregistré un ralentissement. Le Vaucluse (-3,6 %), le Var (-2,4 %) et les Bouches-du-Rhône (-2,2 %) ont été les plus affectés, tandis que les Alpes-Maritimes (-0,7 %) et les Alpes-de-Haute-Provence (-1,4 %) s’en sortent légèrement mieux.
Certains secteurs ont particulièrement souffert. La restauration traditionnelle affiche une baisse de 3,7 % au dernier trimestre et de 1,9 % sur l’année, en raison d’une fréquentation en recul. Les débits de boissons sont en difficulté avec un chiffre d’affaires en baisse de 3,4 % sur le dernier trimestre et de 1,9 % sur l’année.
Dans le secteur du bâtiment, les maçons et plombiers subissent la crise du logement neuf avec une baisse respective de 3,6 % et 3,5 % sur l’année. Le marché immobilier, lui, a chuté de 10,5 % en 2024, bien qu’une légère reprise en fin d’année (+1,8 % au T4) laisse entrevoir un regain d’activité en 2025.
Pour Nicolas Férand, président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables PACA : « En 2024, l’instabilité politique a pesé fortement sur le moral des chefs d’entreprise de la région. Le manque de perspectives pour l’économie les contraint à un certain attentisme, avec des investissements repoussés dans de nombreux secteurs. La communauté des entrepreneurs réclame plus de transparence. Ils ont besoin de savoir où ils vont, de connaître les règles du jeu et souhaitent surtout être alignés sur la même ligne de départ. Redonner confiance aux chefs d’entreprise passera nécessairement pour le gouvernement par un travail de fond sur la concurrence notamment celle des autoentrepreneurs. »
Des secteurs en mutation
Face à ces défis, plusieurs entreprises ont adopté des stratégies d’adaptation. Dans la coiffure, les salons compensent la baisse de fréquentation par des services à plus forte valeur ajoutée, stabilisant leur chiffre d’affaires (-0,2 % au T4, +0,4 % sur l’année).
Le marché de la boucherie est confronté à des contraintes sanitaires et une baisse de la consommation, mais certains acteurs se démarquent grâce aux produits premium ou aux offres anti-gaspillage.
En revanche, la boulangerie-pâtisserie tire son épingle du jeu, avec une progression annuelle de 2 %, portée par l’essor du snacking et des espaces de consommation sur place.
Une pénurie de main-d’œuvre persistante
Enfin, la difficulté à recruter reste un frein majeur, notamment dans la restauration et la coiffure, où la pénurie de personnel qualifié accentue les tensions.
Des perspectives à surveiller
Si 2024 a été marquée par un ralentissement, certains signaux laissent entrevoir une reprise en 2025, notamment dans l’immobilier. Les TPE-PME régionales devront néanmoins poursuivre leurs efforts d’adaptation pour naviguer dans un environnement économique toujours incertain.