Trop d'eau dans le (...)

Trop d’eau dans le gaz pour sauver l’Ukraine ?

Ainsi va la vie que l’on oublie vite les enseignements de l’Histoire.

En 1918, après tant d’atrocités, nos aïeux espéraient avoir vécu la "der des ders". En 1940, leurs enfants n’ont pas rigolé longtemps après la "drôle de guerre".
Aujourd’hui, l’Europe "de l’Est" va tout droit vers un nouveau conflit qui semble inévitable. Tous les clignotants sont au rouge vif : troupes russes massées aux frontières de l’Ukraine, appel au départ des étrangers, les diplomates qui plient bagages, pas assez de moyens militaires sur place pour faire contrepoids...
Élevé sous la férule soviétique, officier du KGB, Vladimir Poutine fait partie de ces anciens apparatchiks qui n’ont pas digéré le démantèlement de l’Empire, vécu comme une humiliation.
Trente ans après, au faîte de sa puissance, il poursuit sa grande œuvre : la récupération d’états satellites qui ont fait sécession après l’écroulement du mur de Berlin. Et qui, injure suprême pour Moscou, lorgnent du côté de l’occident et de l’Otan.Le retour forcé de la péninsule de Crimée en 2014 sous le giron russe avait provoqué l’indignation internationale, mais finalement rien de plus. Maintenant Poutine pousse ses pions pour récupérer la riche Ukraine - au moins en partie- après avoir déjà failli intervenir au Kazakhstan en début d’année. Il est aussi de plus en plus présent en Afrique, les miliciens de "Wagner" au Mali ne constituant que la face émergée de l’iceberg.
Si la situation n’a pas évolué vers la détente pour Kiev, ce n’est pas faute d’avoir dialogué avec le nouveau tsar. Macron et Biden, et maintenant le chancelier allemand, ont alterné diplomatie et menaces. Sans résultat tangible.
La raison de cet entêtement du dirigeant russe réside sans doute moins dans l’envie d’aider ses amis russophones du Donbass que de maintenir son propre pouvoir. Pour faire oublier la faiblesse économique de son pays à ses propres habitants, il redonne une "fierté" aux Russes par une armée puissante et une reconquête territoriale. Mais le colosse a aussi ses faiblesses. Les sanctions économiques des occidentaux viennent heurter les intérêts financiers de Moscou, et sans doute même personnels de l’entourage direct de Poutine. Même le gaz, dont l’Allemagne a tant besoin pour sa "große Industrie" depuis qu’elle a abandonné l’énergie nucléaire, est une arme à double tranchant : déjà les pays clients de Gazprom vont s’approvisionner ailleurs (des navires méthaniers japonais se déroutent ainsi vers Hanovre pour livrer une cargaison prévue à l’origine pour Tokyo).
Surtout, laisser fermés les robinets du gazoduc Nord Stream 2 destinés à l’Europe priverait Poutine et les siens des devises indispensables à Moscou.
Le bras de fer continue. Le compte à rebours semble malheureusement enclenché... Ce ne sera ni la der des ders, ni très drôle...

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