
Une FNTR 06-83 entre menaces fiscales et crise du transport
- Par Marie Marquet --
- le 10 mars 2025
Réunis en AG le 6 mars à Nice, les adhérents de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) des Alpes-Maritimes et du Var ont exprimé leurs inquiétudes face à de nouvelles charges fiscales et aux difficultés économiques du secteur.
L’écotaxe R-Pass, une menace pour le secteur
L’inquiétude majeure porte sur l’écotaxe "R-Pass" que la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) souhaite instaurer en 2027 : 15 centimes d’euro par kilomètre pour les poids lourds sur certains axes autoroutiers. Si elle est locale pour l’instant, les transporteurs redoutent une généralisation. « On prend les choses très en amont pour montrer notre désaccord. On veut faire front commun ! » martèle Franck Cannata, président de la FNTR 06. Pour lui, cette taxe est une ligne rouge. « Ici, les autoroutes ne sont pas gratuites ! » rappelle celui qui est également fondateur et dirigeant de Transcan (Carros), en référence aux infrastructures alsaciennes historiquement libres de péage, où le flux de camions étrangers est important. « Pourquoi ne pas cibler uniquement le transit international au lieu de pénaliser l’ensemble des utilisateurs ? » interroge-t-il, au siège de la BPMED, soulignant les risques d’une généralisation de cette taxe à d’autres régions
Des entreprises sous pression fiscale et économique

vous l’a apporté", rappelle Franck Cannata,
soulignant que 89 % des biens en France
sont transportés par la route.
©Marie Marquet
Autre sujet de tension : le versement mobilité régional, une contribution pour financer les transports publics. « C’est un non catégorique. Cela crée encore des disparités et pénalise un secteur déjà fragilisé », s’indigne Franck Cannata. Il souligne que 63 % des adhérents de la FNTR 06-83 se disent insatisfaits de la situation de leur entreprise, un record ! Et le secteur atteint une hausse des défaillances de 13 % par rapport au 4e trimestre 2023, dont 70 % de liquidations. La baisse du volume de marchandises a été particulièrement marquée en 2024, avec un recul de près de 15 % au niveau national (un peu moins dans le 06) notamment en raison de la crise du BTP. « Le transport de matériaux comme les agrégats, le sable ou le ciment est en chute libre, et cela impacte directement notre activité », poursuit Franck Cannata.
Perspectives 2025 : s’adapter malgré les incertitudes
Malgré ce contexte, il reste optimiste : « Nous avons la capacité de nous adapter mais il nous faut une stabilité gouvernementale ». Franck Cannata compte sur les commissions thématiques lancées en 2024 pour apporter des solutions concrètes, notamment sur l’emploi, la formation et la transition énergétique. Pour les transporteurs, l’accompagnement de l’État est crucial face aux défis à venir.
« Si vous l’avez, c’est qu’un camion vous l’a apporté », rappelle-t-il, soulignant que 89 % des biens en France sont transportés par la route.
Livrer en ville, un défi quotidien
Dans l’agglomération niçoise, la livraison en centre-ville reste un véritable casse-tête. Une étude récente montre que 86 % des places de livraison sont occupées pour d’autres usages durant les heures réservées. « Un camion, c’est difficile à manœuvrer et à décharger. Quand les aires de livraison ne sont pas disponibles, cela expose nos conducteurs à des risques accrus, pour décharger en pleine voie », alerte Franck Cannata. La FNTR 06-83 demande une réglementation stricte pour garantir des zones réservées aux professionnels. Ce problème touche autant la métropole niçoise que d’autres villes de la région comme Cannes.
Un changement de nom pour la représentation locale
L’Union patronale des transporteurs de la Côte d’Azur, l’UPTCA succédera à l’UPTAM. Dès le 1er avril, cette nouvelle association représentera la FNTR dans les Alpes-Maritimes mais aussi dans le Var, « pour aller chercher des parts de marché absolument nécessaires », explique Franck Cannata.