Université Côte d'Azur (...)

Université Côte d’Azur à la COP 27 : "Contribuer à la réflexion" et "comprendre les enjeux"

Une importante délégation de l’Université Côte d’Azur a pris part à la COP 27. Retour sur cette "aventure" avec l’un des membres, Jean-Christophe Martin, professeur de droit international.

Pourquoi l’Université Côte d’Azur était présente à Charm El-Cheikh en Égypte ?

- L’Université Côte d’Azur a le statut d’observateur à cette COP de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. C’est la deuxième année qu’elle y participe. L’année dernière il y avait une délégation assez restreinte de trois membres. Cette année, l’Université a pu obtenir 12 accréditations. On s’est constitué en deux équipes, une pour chaque semaine. J’y suis allé la deuxième semaine. Je dirige l’Institut pour la Paix et le Développement et je suis professeur de droit international. La présidence avait connaissance de mon intérêt pour la question des négociations internationales en général et elle considérait que c’était important d’avoir un juriste sur place pour suivre les négociations et prendre la température sur la dimension géopolitique. En outre je m’intéresse aux enjeux de ce qu’on appelle la diplomatie scientifique, notamment considérer comment les universités peuvent conduire une vraie stratégie diplomatique internationale.

Quel a été le rôle de cette délégation sur place ?

L’un des panels de la COP auquel Jean-Christophe Martin a participé. ©UCA


- Le premier niveau, c’était de contribuer à la réflexion en éclairant le niveau de connaissances sur la science. A cet égard, et c’est vraiment un succès remporté cette année, l’Université a obtenu le fait d’être membre du pavillon "Science for climate action", dans le cadre duquel a été organisé un grand nombre de panels de réflexions, de conférences. Nous avons organisé des panels, nous avons participé à des panels et certains d’entre nous ont participé à des panels sur d’autres pavillons. Cela a permis de placer l’Université au cœur du processus de diffusion du savoir scientifique. Un deuxième niveau de notre participation a été de suivre le fonctionnement des instances de la COP pour mieux comprendre les enjeux. J’ai été particulièrement intéressé par le déroulement des négociations.

Comment se déroulent les négociations ?

- Les décisions sont prises par consensus, c’est-à-dire l’absence d’opposition. Il y a beaucoup de négociations qui sont conduites en parallèle pendant les deux semaines, dans le cadre de groupes thématiques sur des aspects définis. Un projet de texte est proposé à partir duquel tous les travaux ont lieu. Un facilitateur essaie de trouver des solutions, d’abord sur les principes eux-mêmes puis sur la formulation afin de tenir compte des positions de tous les représentants. Forcément, cette manière de fonctionner affaiblit le contenu normatif puisqu’il faut trouver le dénominateur commun.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé au cours de cette COP ?

- Outre l’envergure de la COP, que je n’imaginais pas à ce niveau-là, ce qui m’a frappé c’est que la question de la sobriété n’a pas tellement été mise en avant. Je suis un peu surpris que ces aspects sur la réduction des consommations d’énergie n’aient pas été mieux portés. Même sur le pavillon de l’Union européenne il n’en a pas été franchement question. Je m’attendais à ce que cela apparaisse en de multiples endroits. L’autre élément frappant, élément de succès de la COP, c’est l’adoption de la décision de créer un fonds « loss and damage », chose pour laquelle nous n’étions pas sereins jusqu’à la dernière minute. Ce qui m’a frappé également, c’est le rôle que tient l’Union européenne dans les négociations. Je suis allé dans plusieurs salles de négociations, sur des aspects assez différents et, systématiquement, le représentant de l’Union européenne est très présent. On perçoit cette volonté de leadership de l’UE sur le sujet, pour faire avancer les choses.

Partagez-vous la déception de ceux qui regrettent qu’on ne soit pas allé assez loin sur les engagements, notamment sur les énergies fossiles ?

- Complètement. C’est un échec réel. Cette COP avait été annoncée centrée sur la mise en œuvre des décisions antérieures. Or il n’y a pas d’engagement fort qui soit ressorti à ce niveau-là. Ce qui était l’attente majeure.

Propos recueillis par Sébastien GUINÉ

Photo de Une : De gauche à droite : Jean-Christophe Martin, Erwin Franquet, Cécile Sabourault (responsable de la délégation), Christophe Moquet, Martine Olivi, Christophe Den Auwer et Saranne Comel.© S.G

deconnecte