Vallées - Travaux hydrauli

Vallées - Travaux hydrauliques : une facture à 120 millions d’euros HT

En sa qualité d’établissement public territorial de bassin, le syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau maralpin (SMIAGE) assure l’entretien des rivières des Alpes-Maritimes et de l’est du Var. Maître d’œuvre des travaux hydrauliques réalisés sur ce territoire, il dispose d’une expertise et de moyens opérationnels qui ont été fortement sollicités au lendemain du passage de la tempête Alex. Des interventions réalisées dans l’urgence aux chantiers de reconstruction à venir, le point avec Cyril Marro, directeur général de cet organisme incontournable du cycle de l’eau.


Quelle a été la nature des travaux d’urgence du SMIAGE ?

- Nous sommes intervenus pour effectuer un rééquilibrage des rivières, c’est-à-dire pour les remettre dans leur axe et éviter des dégâts supplémentaires en cas de nouveau coup d’eau, et des confortements provisoires de berges afin de protéger le bâti existant. Dans la vallée de la Vésubie, les travaux se sont concentrés sur le Boréon, qui a été très touché, mais aussi aux abords du village de Saint-Martin et à Roquebillière. Idem dans la Roya, à Breil, Fontan, La Brigue, Saint-Dalmas-de-Tende et Tende. Nous avons également travaillé dans la basse vallée du Var, sur la commune d’Utelle.

Cyril Marro, directeur général du SMIAGE. DR

Comment ont-été financés ces chantiers ?
- Nous agissons en maîtrise d’ouvrage déléguée pour le compte des collectivités, à savoir le Département, la Métropole Nice Côte d’Azur et la Communauté d’agglomération de la Riviera française. Les travaux sont financés par les EPCI et des subventions du Département, en attendant la dotation de solidarité de l’Etat, à propos de laquelle les dossiers étaient à déposer avant le 10 janvier. La gestion de l’urgence se chiffre à 12 millions d’euros HT.

Et à plus long terme, quel sera le montant de la facture de ces travaux hydrauliques ?
- Le volume financier que nous allons déposer auprès des services de l’État est d’environ 120 millions d’euros HT. Les chantiers porteront essentiellement sur la reconstruction d’enrochements et de digues. Il y a plusieurs milliers de mètres à refaire. Et il faut savoir que, dans le contexte de la basse vallée du Var, nos travaux nous coûtent entre 4 000 et 4 500 euros HT le mètre linéaire.

Avez-vous déjà déterminé un planning de reconstruction ?
- Non. Ce calendrier sera établi lorsque nous disposerons des cartes qui doivent être produites par l’ État d’ici la fin janvier. Elles détermineront les zones où le bâti sera détruit et celles où il sera maintenu. Dans le premier cas, le cours d’eau pourra divaguer, dans le second, il faudra construire des ouvrages de protection. Cependant, nous avons déjà défini des secteurs prioritaires où seront réalisés des travaux définitifs en accord avec l’ État.
Où se situent-ils ?
- Il y en a une dizaine, comme le cœur historique de Saint-Martin-Vésubie, à la fois le long du Boréon et du vallon de la Madone de Fenestre, le Vésubia Mountain Park, la traversée du village de Fontan ou encore l’Ehpad de Tende.

Les enseignements de ces crues vont-ils dicter la construction d’ouvrages inhabituels ?
- L’occurrence de ces crues nous fera peut-être revoir nos modes de calcul, car nous devrons sans doute dimensionner les ouvrages de manière plus conséquente. Les premiers retours d’expérience des services de l’ État évoquent une occurrence de 500 ans pour la Vésubie et une crue millénale pour la Roya.

Les travaux d’urgence ont notamment consisté à remettre les rivières dans leur axe par la création d’un chenal. Ici, la Vésubie, en amont du village de Roquebillière. DR J.P

Quels ont été les débits observés ?
- Nous disposons d’une mesure sur le bas de la Tinée à 960m3/s au pic de crue. Sur le Var, au pont Napoléon III, on a frôlé les
3 000 m3/s. Mais ce n’est pas le débit qui a été le plus dommageable, c’est plutôt le mélange d’eau et de matériaux. Il y a eu énormément de transport solide constitué d’alluvions et de très nombreux arbres. Ces derniers ont représenté des dizaines de milliers de mètres cubes dans chaque cours d’eau.

Les PAPI*, qui ne concernent que le bas des bassins versants dans le département, ne doivent-ils pas être étendus à la montagne ?
- Nous étions justement en train de travailler sur un PAPI pour le Var comprenant ses affluents, c’est-à-dire l’Estéron, la Tinée et la Vésubie. À l’avenir, nous serons également dotés de ce type d’outil sur la Roya. Mais nous devons passer par un PAPI d’études et un PAPI de travaux, qui ne débute généralement qu’après 4 ou 5 ans. Cette contrainte calendaire sera peut-être revue par l’État au regard du caractère exceptionnel de ces intempéries.

Propos recueillis par Jean Prève

(*) PAPI : Programme d’actions et de prévention des inondations.

Photo de Une : Le SMIAGE a estimé à 120 millions d’euros HT le montant des travaux à réaliser pour sécuriser les abords des cours d’eau après le passage de la tempête Alex. DR J.P

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