Véronique Paquis : "une

Véronique Paquis : "une stratégie entre l’université, les entreprises et le territoire"

Rencontre avec Véronique Paquis, deuxième adjointe au maire de Nice en charge, notamment de l’environnement, de l’Université et de la recherche.

- Pourquoi l’environnement "durable" est-il un choix pertinent pour assurer le développement économique de la Métropole ?

Parce qu’il a énormément d’impact en termes de qualité de vie et de santé. Il faut cesser de le considérer comme un frein au développement économique. Au contraire, si l’on oriente bien les choses, il constitue un véritable "starter". La recherche et l’innovation, tournées vers les activités durables, sont devenues une priorité du territoire de la Métropole Nice Côte d’Azur.

- Quels sont nos atouts dans ce secteur ?

Nous en avons beaucoup : déjà notre territoire est extraordinaire en termes de qualité de vie et de diversité puisque, parmi les 49 communes de la Métropole, nous avons à la fois des villes côtières et des stations de ski, ce qui est unique. Mais nous avons aussi la qualité reconnue de l’Université Côte d’Azur, grâce à l’action de Frédérique Vidal, son ancienne présidente devenue ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, et de Christian Estrosi. Le président de la République a demandé à Mme Vidal de réaliser au niveau national ce qu’elle a réussi au niveau local : une stratégie "université-territoire-entreprises" pour développer une politique de la ville intelligente avec pour objectif d’améliorer la qualité de vie des citoyens.

- Une démarche qui a été reconnue...

Effectivement. Nous avons obtenu l’IDEX (Initiative D’EXcellence, ndlr) destinée à favoriser les universités intensives en recherche comme la nôtre, et qui est accompagnée de financements spécifiques. Grâce à l’opération d’intérêt national Nice Eco Vallée et à la complémentarité Université-entreprises, notre territoire a obtenu toutes les labellisations. Comme, par exemple, pour la transition énergétique, avec le projet "Nice Grid", qui était à Carros un quartier à énergie solaire intelligent. Ou avec "Interflex", le seul démonstrateur français du projet européen de smart grid mené avec cinq distributeurs d’électricité européens, pour améliorer la performance et la fiabilité d’un système électrique local en testant des solutions d’utilisation des flexibilités locales de production, de consommation et d’automatisation du réseau. Et maintenant avec "Iris", qui bénéficie aussi des fonds de l’Union européenne pour voir comment il est possible de réaliser des pilotages intelligents de l’énergie.

- La particularité, ici, c’est la complémentarité entre la recherche et l’entreprise ?

Oui, ces acteurs ont des stratégies communes, ce qui se voit dans peu d’endroits. En tête de pont, nous avons l’Institut Méditerranéen du Risque, de l’Environnement et du Développement Durable (IMREDD) qui est localisé pour l’instant dans les locaux de la Métropole à Nice Meridia. En septembre prochain, il intégrera son propre bâtiment, en cours de construction. Cet Institut est entièrement tourné vers les nouvelles technologies du développement durable. S’y côtoieront des étudiants, des équipes de recherche académique, des entreprises, des techniciens de la Métropole pour inventer et expérimenter les solutions technologiques de demain. L’IMREDD sera aussi un lieu de formation : il reçoit déjà des ingénieurs des smart cities de demain. C’est l’endroit où tout le monde cohabite, où les idées naissent, où les projets se fertilisent.

- Après le monitoring urbain sur la qualité de l’eau, de l’air, l’éclairage etc., d’autres expériences vont-elles être menées ?

À l’IMREDD, beaucoup de sujets tournent autour du numérique, comme lorsque furent posés les premiers capteurs sur la qualité de l’eau, sur le remplissage des bacs à déchets. Toutes ces données remontent à la Métropole et sont partagées avec les chercheurs du Smart City Innovation Center. Nous sommes passés d’une ville dont l’économie en 2008 était tournée vers le tourisme et les personnes âgées, à une ville qui a changé en profondeur. Nous sommes maintenant identifiés comme l’endroit où entreprises, Université et territoire travaillent en synergie et élaborent des
stratégies.

Un plan climat ambitieux sur cinq ans

Sans avoir attendu la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, la Métropole est devenue pionnière en de nombreux domaines pour l’environnement. Elle va développer un plan "climat-air-énergie" sur la période 2019 - 2025. C’est important puisque 15 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont issues des activités des collectivités territoriales (bâtiment, éclairage public, flotte de véhicules) et de leurs compétences (transports, déchets, distribution d’énergie et de chaleur...). Et même 50 %, en intégrant les effets indirects de leurs orientations en matière d’habitat, d’aménagement, d’urbanisme et d’organisation des transports.
Depuis 2012, les actions entreprises (Autobleues et Vélobleus, ligne 2 du tramway, optimisation de l’éclairage public, réalisation de bâtiments énergétiquement performants comme l’école HQE de Saint Isidore, les stations d’épuration de Cagnes-sur-Mer et de Vence, les bâtiments de l’Eco Vallée etc.) ont déjà permis de baisser les consommations d’énergie et de réduire de 10% les Gaz à Effet de Serre (GES). Le pourcentage d’électricité renouvelable dans notre mix énergie atteint désormais 28%.
Pour les cinq années à venir, les 49 communes de la Métropole vont amplifier les actions pour la réduction des GES et pour la sobriété énergétique en poursuivant le déploiement des énergies renouvelables afin de s’adapter aux impacts du réchauffement climatique et d’améliorer dans le même temps la qualité de l’air.
Ainsi, Nice-NCA fera partie des quinze territoires retenus par le ministère des Transports où l’on pourra circuler sans vignette, contrairement à Paris par exemple. Mais des zones à "faibles émissions" seront définies, comme à Nice sur la Promenade des Anglais, et dans des communes où des périmètres seront définis.
Les actions déjà menées et celles à venir ont permis la labellisation "CIT’ERGIE" de la Métropole, qui vient crédibiliser les démarches de financements auprès de la Région, de l’ADEME et de l’Union Européenne.

Photo de Une (DR)

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