Vie politique et sondages

Vie politique et sondages forts de marc de café...

Avec une régularité que les trains français n’ont plus hélas depuis longtemps, les instituts de sondage se plantent dans leurs pronostics à chaque échéance électorale. Le premier tour des Départementales et des Régionales en apporte un nouvel exemple, jusqu’à la caricature. Ils pronostiquaient partout en France une forte poussée et même un basculement vers le RN. Dans une belle unanimité, ils n’ont pas vu, au contraire, le tassement de cet électorat attendu avec +10% des voix mais réalisant dans les faits environ -10%.
À ce niveau de différence (20% d’écart, autant consulter Mme Irma...), on ne peut plus parler pudiquement de "marge d’erreur" mais de "boulevard de l’approximation". La science de mesure de l’opinion ne sort pas grandie de cette expérience.
Raymond Barre, Édouard Balladur, Lionel Jospin et François Fillon sont bien placés pour nous rappeler que ce sont les votants qui font l’élection et non pas les sondages. Et que rien ne sert de courir en tête tel le lièvre un an auparavant si, au final, on manque une transformation pourtant annoncée comme inloupable.
C’est pourquoi, aujourd’hui, il serait dangereux d’extrapoler sur les prochaines présidentielles. Cette glorieuse (?) incertitude ne garantit ni à Emmanuel Macron ni à Marine Le Pen de se retrouver face à face au second tour comme les instituts sondagiers le lisent déjà dans le marc de café. Avec de bons résultats dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand a pour le moment seulement gagné le droit de rêver de représenter une droite "gaulliste et sociale" en mai prochain. D’ici là, il lui faudra batailler ferme pour s’imposer dans son propre camp. À gauche, on peut s’interroger sur l’envergure réelle des ailes des écolos qui avaient réussi de bonnes municipales, sur la capacité du PS à rebondir, sur l’influence des Insoumis, des communistes, des radicaux et autres petits groupes.
Rien n’est écrit. On lira donc avec prudence les pronostics des instituts qui, malgré les diverses "pondérations" et autres correctifs apportés aux réponses brutes, passent trop souvent à côté de la réalité.
En revanche, point besoin de sonder le cœur et les reins pour voir que la représentativité de notre démocratie s’essouffle dangereusement : pas loin de trois électeurs sur quatre sont restés à la maison dimanche dernier ! La crédibilité des élus de tous bords est en jeu. Il est temps de moderniser le mode du scrutin, dans le fond et dans la forme, pour l’adapter à ce 21ème siècle numérique. Après tout, on fait déjà les déclarations de revenus sur Internet, on télétravaille avec son ordinateur, pourquoi ne pas se donner la possibilité de voter par Internet et ne pas instiller une dose de proportionnelle pour que tous les courants de pensée soient représentés ? Chiche ?

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