Vous reprendrez bien (...)

Vous reprendrez bien un peu de glyphosate ?

Dans Candide, ce bon vieux Voltaire nous proposait de quitter le fauteuil pour aller cultiver notre jardin. C’est un sage conseil donné à distance aux contemporains des blockchains et de la 3D si l’on prend au premier degré le philosophe des Lumières. Car, pour dire vrai, avec ces plats industriels qui permettent de nous vautrer directement dans le canapé sans passer par la case "cuisine", on ne sait plus trop ce qu’il y a dans nos assiettes. Ou plutôt on ne le sait que trop : sel, sucre, exhausteurs, conservateurs, colorants alimentaires, huile de palme et autres produits destinés à flatter le goût des convives à bon prix... pour les fabricants.
Ceux qui espéraient beaucoup de la loi alimentation, et qui avaient des raisons d’espérer après les promesses de Macron, restent sur leur faim après son adoption la semaine passée. Et pas seulement les écolos pur beurre, mais aussi ceux qui croyaient à un retour vers une agriculture autant
raisonnée que raisonnable, après des décennies d’abus de produits chimiques pudiquement appelés "intrants", de pesticides généreusement répandus dans l’air et le sol et au final dans l’eau.
En attendant son interdiction "définitive" d’ici trois ans - si l’on en croit l’entourage de Jupiter en personne - il y aura donc encore des épandages de glyphosate dans nos vertes campagnes alors même que l’on sait ce produit dangereux pour la santé humaine. Qui peut sérieusement garantir que l’on ne le retrouve pas dans nos bons p’tits plats ? Même à faible dose, et qui plus est associé en cocktail avec d’autres cochonneries - pardon à la filière porcine - du même genre...
À Paris comme à Bruxelles, les lobbystes ont bien fait leur job, c’est une évidence, pour que l’inéluctable retrait soit repoussé le plus tard possible, permettant au "spectacle" de continuer tandis que les fabricants passent à la caisse.
Ce qui n’est pas le cas des agriculteurs, victimes d’un système qui les a poussés dans la fuite en avant et dans une insupportable précarité. Cette loi "alimentation" avait pour finalité de leur redonner les moyens de produire "mieux" et "au juste prix". Mais à écouter les réactions de leurs représentants, le compte n’y est pas puisqu’il manque toujours un bras armé pour faire pression sur les grandes centrales d’achat qui dictent les prix et composent finalement le menu servi aux consommateurs.
Le glyphosate n’est, dans cette affaire, qu’un épiphénomène révélateur des résistances des intérêts économiques et industriels. Un sacré mesclun, et qui n’a rien de "bio"...

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