Dette des Etats : la (...)

Dette des Etats : la vaine tentation d’une annulation pure et simple...

Même si elle n’est pas aussi saugrenue qu’elle paraît, l’idée d’une annulation de la dette publique liée au Covid se heurte au conservatisme financier

Parce que le poids de la dette publique (- 120% du PIB à la fin de l’année) risque de peser lourdement sur la croissance dans les vingt prochaines années, peut-on vraiment envisager "une annulation concertée des dettes Covid de tous les pays de la zone euro" comme le préconise Arnaud Montebourg ?
Cette idée séduisante est-elle réaliste ?
Cette piste de l’abandon est surtout préconisée en France et en Italie qui sont, hormis la Grèce, les deux pays les plus endettés de la zone euro. Pas moins de 2 600 milliards pour la seule Péninsule ! Ces deux états y auraient donc tout intérêt sauf que... la France elle-même rejette cette idée de l’ancien ministre du redressement productif. Pour éviter un "shut down" généralisé, Bruxelles a envoyé aux orties l’orthodoxie du pacte de stabilité qui limitait déjà le déficit à 3% annuel (et au nom duquel la Grèce a été étranglée).
Aujourd’hui, avec le coup de frein économique, aucun pays ne peut rester dans les "clous", pas même l’Allemagne qui emprunte et se met dans le rouge. Une "hérésie" pour Berlin, qui a tout de même brisé le tabou pour soutenir son industrie.
Les vilains petits canards ont la chance de pouvoir compter sur une politique monétaire avantageuse de la BCE. Celle-ci rachète la dette publique et met sous le parapluie de l’euro les économies souffreteuses qui auront bien besoin des mille milliards du plan de relance européen que la Hongrie, la Pologne et la Slovénie bloquent actuellement...C’est pourquoi la piste d’une mutualisation de la dette au sein de l’UE fait son chemin. Elle pourrait, de cette façon, être sacralisée dans les comptes de la BCE qui aurait davantage de temps et de moyens que chacun des états membres pour rembourser tout ou partie des emprunts... ou pour passer cette dette Covid à la trappe comme le souhaite Montebourg.

La confiance

Sauf que "une dette ça se rembourse" rappelle Bruno Le Maire. Si la France et d’autres pays peuvent emprunter à bas taux (et même parfois négatifs, c’est-à-dire qu’ils rembourseront moins qu’ils n’empruntent) cela repose sur la confiance des prêteurs qui, évidemment, s’envolerait en cas d’abandon des créances. Sans prêteurs, pas d’emprunteurs.
Les pays doivent donc s’organiser pour assurer les conditions d’un retour à la croissance qui, seul, permettra de revenir dans la "normalité". La BCE pourrait aussi garder une partie de cette dette Covid pour que les économies nationales les plus essoufflées puissent recoller au peloton. La Banque Centrale détient 485 milliards de dette souveraine pour la France. Pour mémo, en 2019, les impôts sur le revenu ont rapporté à Bercy 87 milliards, la TVA 186, l’impôt sur les sociétés 67, la TICPE 17 et les taxes et impôts divers 60 milliards environ. La BCE détient plus d’une année fiscale française en dettes souveraines. C’est pourquoi des voix préconisent que ces sommes soient consacrées à de l’investissement qui apportera de la richesse, plutôt qu’à des remboursements. La Banque Centrale peut supporter cet effort puisque c’est elle qui fait tourner la planche à billets et ne risque pas de se retrouver "à court" contrairement aux états ou aux banques commerciales. éviter des plans de rigueur qui seraient mortifères pour l’économie, certes, mais cela ne passera sans doute pas par des annulations de dette... hélas !

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