Escroqueries financières

Escroqueries financières : la chasse aux pigeons est ouverte

Dans un contexte de crise sanitaire et de taux bas, on assiste à une recrudescence d’offres frauduleuses de placements et services financiers indique l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Les épargnants sont attirés par des placements « alternatifs » qui rapporteraient davantage que les produits financiers classiques. Selon une enquête BVA pour l’AMF, les Français sont largement conscients du risque d’arnaques au placement (97% le jugent « important », 51% « très important »), mais ils sont aussi nombreux à penser (64%) qu’il existe des placements non risqués plus rentables que les livrets d’épargne.

Les escrocs ne manquent pas d’imagination  : fausses offres sur des produits financiers du quotidien, rachat de crédit à la consommation (chaudière, panneaux solaires…), de propositions fictives d’investissement dans des places de parking ou des chambres d’Ehpad, pyramide de Ponzi. Le Parquet de Paris estime le préjudice global à 500 millions d’euros par an. Les escroqueries aux livrets et aux crédits se sont intensifiées ces deux dernières années, causant des pertes élevées, de 72 000 euros en moyenne par victime concernant les livrets d’épargne et de 12 000 euros concernant les crédits pour les dossiers signalés à l’ACPR en 2021.

Les escroqueries au trading sur le Forex, le marché non régulé des devises, et sur les « crypto-actifs » ont fortement repris en 2020 et en 2021, causant des préjudices importants, de l’ordre de 38 000 par épargnant respectivement selon les déclarations des victimes auprès de l’AMF.

Le mode opératoire de ces délinquants est désormais bien connu. Ils attirent leurs victimes avec des bannières publicitaires sur Internet, sur les réseaux sociaux, des applications mobiles de messagerie, des sites d’information réputés ou par mail. Ils collectent les données personnelles des internautes ayant cliqué sur la bannière par la voie d’un formulaire de contact en ligne. De faux conseillers, décrits comme professionnels, disponibles et empathiques, contactent ensuite par téléphone les futures victimes et les mettent en confiance, par un discours manipulatoire et des relances insistantes. Après un premier investissement modeste présenté comme gagnant et parfois un premier retrait, l’épargnant, désormais en confiance, est incité à placer beaucoup plus. Lorsqu’il souhaite récupérer son argent, il n’a brutalement plus de réponse à ses mails ou ses appels, ni ne peut accéder à son compte ou à ses fonds.
Ce procédé se double depuis deux ans dans presque un cas sur deux d’une ou plusieurs usurpations d’identité destinées à rendre les offres frauduleuses crédibles et à amoindrir la vigilance des futures victimes (utilisation frauduleuse du nom de produits ou de professionnels du secteur financier autorisés, de grands groupes ou de PME, de logos ou numéros d’enregistrement, etc.

Les réseaux sociaux et les influenceurs sont le nouveau point d’entrée apparu ces dernières années. Par ce biais, c’est un public plus jeune, de milieu plus modeste que la cible traditionnelle des arnaques au placement, qui est désormais touché, en particulier dans le domaine du trading (Forex et crypto-monnaies). Le partage de faux « bons plans » sur les réseaux sociaux et applications de messagerie démultiplie l’impact de ces arnaques.
Attention également aux offres de prêts entre particuliers, qui créent la confusion avec l’activité régulée de financement participatif (« crowdfunding » ou « crowdlending »).
Méfi, comme on dit en nissart…

Visuel de Une : illustration DR

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