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Véhicules de sociétés : des choix sous influence écologique

Marche arrière pour le marché automobile français. En 2020, 1,65 million de voitures ont été immatriculées dans le pays, soit un recul de plus de 25% par rapport au bilan de 2019. La crise a freiné les ventes et accentué le désamour dont souffrent désormais les motorisations diesel, qui ont régressé de 3,5% et ne représentent plus que 30,6% des véhicules écoulés. Pour l’essence aussi, l’année s’est avérée difficile : - 11%.

Si les modèles thermiques ont été à la peine, les engins dits "propres" ont quant à eux enregistré des résultats inédits. Près de 111 000 voitures électriques ont ainsi trouvé preneur l’an dernier, faisant croître la part de marché de cette énergie à 6,7%. Du jamais vu ! Plus nombreux encore, les hybrides et hybrides rechargeables ont constitué 15% du parc neuf. 243 000 unités sont ainsi sorties des concessions.
Le virage est donc pris. Pour satisfaire aux exigences de la transition écologique, le marché automobile a entamé sa mutation. L’avenir jugera de la pertinence de l’électrification en cours qui, s’il est acquis qu’elle n’est pas complètement vertueuse, reste sans concurrence sur le terrain des émissions de CO2.

Bruno Bechet, chef des ventes "véhicules neufs" de la concession Audi Nice La Plaine. DR J.P

Tous les constructeurs sont obligés de s’inscrire dans cette évolution qui n’a pas de frontières. Et au service de laquelle les pouvoirs publics jouent, en France, un rôle prépondérant. Le malus sanctionnant les rejets de gaz à effet de serre, qui alourdissait déjà le prix des véhicules les plus polluants, a en effet gagné en sévérité le 1er janvier 2021. Il peut à présent grimper jusqu’à 30 000 euros pour les mécaniques émettant plus de 218 grammes de CO2 par km. Dans le même temps, en
dépit d’une baisse de son attractivité à partir du 1er juillet prochain, la prime écologique accordée pour l’achat d’une voiture électrique ou hybride rechargeable continue d’inciter les automobilistes à la conversion.

Les marques premium et les versions haut de gamme, chères notamment aux chefs d’entreprise, à certaines professions libérales et aux cadres supérieurs, n’échappent pas à cette nouvelle donne.
"Nous voyons clairement la proportion d’hybrides augmenter au détriment des modèles diesel", indique Bruno Bechet, chef des ventes "véhicules neufs" chez Audi Nice La Plaine. "Elle représente 22% des commandes que nous avons enregistrées depuis le début de l’année, contre 20% pour le gazole". Dans cette concession, l’hybride avait agrégé 9% des ventes en 2020. L’air du temps et les efforts du constructeur pour étoffer son offre propre produisent leur effet.

Des arguments fiscaux

Edouard Désirant, responsable commercial de BMW Nice Premium Motors. DR J.P

Selon Edouard Désirant, responsable commercial de BMW Nice Premium Motors, "L’hybride rechargeable illustre une période de transition. C’est par cette technologie que passe l’électrification annoncée des véhicules". Preuve de ce glissement progressif, "La majeure partie de la gamme Audi est aujourd’hui proposée en hybride rechargeable", souligne Bruno Bechet. La marque aux anneaux, qui a récemment annoncé mettre fin au développement des moteurs thermiques à l’horizon 2035, va faire croître sa gamme à batteries. Sa nouvelle berline sportive 100% électrique, la e-tron GT (de 476 à 598 CV selon les versions), a valeur de message.
La course à la réduction des émissions de CO2 a conduit l’industrie automobile à faire montre d’ingéniosité. Et de capacités d’adaptation. Chez BMW notamment, on est parvenu à limiter les conséquences du malus par des décisions aussi bien commerciales que techniques. "Sur certains modèles, un système d’hybridation légère, par alterno-démarreur, permet de réduire considérablement les rejets", explique Edouard Désirant. Résultat : "Sur le nouveau coupé 430d par exemple, le client n’a qu’un malus de 1 000 euros à payer, ce qui est raisonnable pour une voiture de 286 CV en six cylindres diesel, qui coûte environ 70 000 euros". Pour le spécialiste, le gazole n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot. "Dans les flottes d’entreprises, il demeure la solution la plus avantageuse pour les gros rouleurs, ceux qui parcourent au moins 25 000 km par an".

En dehors de cette spécificité, l’hybridation peut être considérée comme une aubaine pour les dirigeants en quête de nouveaux véhicules de sociétés. Ce n’est pas pour rien si les versions hybrides rechargeables de la série 1 et du SUV X1 cumulent 80% des ventes de ces best-sellers de BMW dans son enseigne niçoise. Sur le marché premium, qui réunit les marques estampillées "haut de gamme" (Mercedes, Porsche, Audi, BMW, DS, Land Rover, Jaguar, Mini, Tesla...), les chiffres du début de 2021 confirment la tendance. C’est ce que détaille Bruno Bechet : "En janvier et février, les immatriculations d’hybrides rechargeables ont augmenté de 36% par rapport à 2020 en France. L’électrique a crû de 16% et, parallèlement, le diesel et l’essence ont chuté respectivement de 49% et 21%".
Pour nombre de Français en mesure d’acquérir une voiture neuve, l’hybridation semble devenir une évidence. Elle l’est encore davantage pour les chefs d’entreprise, auxquels la technologie a de sérieux arguments à faire valoir. A la puissance de la motorisation essence, elle offre une économie de carburant, un coût de carte grise anecdotique, une exonération de la taxe sur les véhicules de sociétés (TVS) et une absence de malus (voire un bonus écologique). Sans oublier, aux plans comptable et fiscal, une élévation du plafond d’amortissement à 20 300 euros (et même 30 000 euros pour un énergie 100% électrique), contre 18 300 euros pour un modèle thermique peu polluant. En outre, il est possible d’amortir également la totalité du montant de la batterie, sous réserve que la facture d’achat détaille ce dernier.

Photo de Une Audi e-Tron GT DR AUDI

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