Nouvelle offensive (...)

Nouvelle offensive de la sécurité routière avant le leurre... c’est pas l’heure !

La sécurité Routière l’a annoncé ces jours-ci, l’heure a sonné des « radars leurres ».
Le dispositif nouveau répond au doux nom de « leurre par panneaux ».

La mise en place a débuté le 8 février. Onze panneaux ont été placés dans le département du Pas-de-Calais, et non dans l’Eure, sur la départementale 939, entre Au- bigny-en-Artois et Le Parcq. Comme le rappelle la Sécurité Routière, protégée par deux radars, cette portion de route, longue de 37 kilomètres est spécialement accidentogène.
Il nous est dit que « ces panneaux, répartis dans chaque sens de circu- lation, précèdent 10 emplacements sur lesquels pourront être installés un radar autonome ». Comme au bonneteau, « le radar autonome sera régulièrement déplacé sur ces emplacements ou sur d’autres itinéraires à protéger. » Il est prévu d’équiper d’autres parcours, dans d’autres départements, soit 100 itinéraires classés dangereux d’ici à fin 2016 et d’ici à 2020, 1000 itinéraires et 5000 emplacements !
Mais encore, en complément du « leurre par panneaux », le « leurre par cabine » sera expérimenté en 2017 pour déploiement. Il s’agirait de cabines fixes, parfois vides ou parfois équipées d’un radar effectuant des contrôles... nous attendons le « leurre par gendarme », et le « leurre par ministère ».

Les radars ont rapporté 1,6 milliard l’an passé
Cette offensive a pour but de réduire le nombre des accidents ; mais par quel moyen ce plan y parvient-il ? Entre les fins et les moyens, un lien étroit se noue. Celui qui estime que la fin justifie le moyen est, disons, disciple de Machiavel, et ceux, qui se voudront plus tendres, diront qu’à bonnes fins, bons moyens. Tout simplement, le leurre, qui est une tromperie, revêtu des caractéristiques essentielles d’un stimulus susceptible de déclencher le comportement attendu doit, comme toujours, modifier le comportement des conducteurs... en bien, par le mal : Ad augusta per angusta.
Les radars ont rapporté, en 2015, selon « 40 millions d’automobilistes », 1,671 milliard d’euros, dont 658 millions d’amendes forfaitaires issues des radars au- tomatiques. 249 millions, seulement, rejoignent l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFIFT), qui ne s’occupe pas seulement de routes, mais aussi du rail ou des canaux, et des ports.

Et si le mauvais moyen entrainait la corruption des fins ? Le lecteur pourra, comme nous, se trouver plongé dans un abyme de réflexion. N’existe-t-il donc pas de meilleur moyen que la tromperie pour obtenir que les routes soient sûres ?
Fournissons un autre élément de méditation : les français auraient perdu, dans les jeux de hasard autorisés, en 2015, selon le Monde, 10 milliards d’euros. Le droit fut enfanté par la dialectique, fondée sur l’espoir de voir Apollon, entendons ici la lumière, chasser l’ombre. Comme semble loin cet espoir de raison quand les hommes s’abiment dans les mirages de toute sorte. Pour guérir notre désespoir, nous renvoyons chacun à la lec- ture des pages de Platon sur le mythe de la caverne.

En 2016 chaque conducteur pourra donc jouer aux jeux de hasard sans avoir à quitter son véhicule, et pourra, comme de bien entendu, perdre gros, non pas grâce à la Française des jeux, mais grâce à la sécurité routière. Dans les deux cas, lorsque vous ne perdrez plus, vous y gagnerez.

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