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L’OTESIA dévoile les 4 premiers projets de recherche retenus sur l’IA

Le Département des Alpes-Maritimes et ses partenaires que sont la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis, Université Côte d’Azur ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur ont lancé en novembre dernier l’Observatoire des Impacts technologiques économiques et sociétaux de l’Intelligence Artificielle (OTESIA). L’OTESIA apporte une réflexion approfondie sur cette technologie et mesure la manière dont cela va impacter les différents aspects de la société, dans le but de promouvoir une IA responsable et éthique.

Les études et les analyses délivrées permettront d’informer les citoyens et d’accompagner les politiques publiques.

L’observatoire est dirigée par Jean-Marc-Gambaudo, également Directeur du 3IA Côte d’Azur et porteur du projet UCA JEDI Idex, particulièrement impliqué dans l’écosystème IA du territoire.

Aujourd’hui, l’OTESIA lance ses 4 premiers travaux de recherche. Tous impliquent les chercheurs du partenaire et co-fondateur d’OTESIA Université Côte d’Azur, par ailleurs lauréate de l’AAP national « Institut Interdisciplinaire en Intelligence Artificielle » (3IA), témoignant de l’expertise exceptionnelle des chercheurs de notre territoire dans le domaine de l’IA. Les résultats de ces travaux conduiront à des publications spécialisées mais aussi à des articles destinés au grand public.

Les 4 premiers projets

- 1er projet : Enquête « IA & Santé »

Décrypter les multiples dimensions et impacts de l’usage du numérique dans les établissements médico-sociaux, notamment les EHPAD, pour évaluer le niveau d’acculturation et d’adoption des outils numériques (dont l’intelligence artificielle) tant des professionnels que des résidents, le lien opéré entre soin et numérique mais aussi le niveau de coopération et coordination avec les autres acteurs du système de santé, dans le but d’identifier les situations à risque, anticiper les besoins et mettre le numérique au service des établissements et de leur résidents.

Ce projet est porte ? par Jean-Marc Bereder (CHU Nice) et Fre ?de ?ric Prate (Universite ? Co ?te d’Azur / CHU Nice). Il implique les chercheurs Lise Arena (Groupe de recherche en Droit, Economie et Gestion - Universite ? Co ?te d’Azur/CNRS), Gerald Gaglio (Groupe de recherche en Droit, Economie et Gestion – Universite ? Co ?te d’Azur/CNRS), Jean-Pierre Merlet (INRIA Sophia Me ?diterrane ?e).

Assurant une part importante de la prise en charge des usagers de notre syste ?me de sante ?, le secteur me ?dico-social a vocation a ? e ?tre inte ?gre ? au sein d’une vision d’ensemble de la sante ?, du-bien-e ?tre et du vieillissement.
Dispositif majeur dans l’accompagnement des personnes a ?ge ?es et de leurs proches, les E ?tablissements d’He ?bergement pour Personnes Age ?es De ?pendantes (EHPAD) pourraient e ?tre les grands be ?ne ?ficiaires de l’apport du nume ?rique, tant pour la re ?organisation de l’offre de soins (e ?changes avec les structures et compe ?tences sanitaires) que pour la qualite ? de vie des re ?sidents et la gestion des ressources humaines et mate ?rielles.
Pourtant, comme illustre ? encore tre ?s re ?cemment face a ? l’e ?pide ?mie COVID-19, la situation des EHPAD est tre ?s he ?te ?roge ?ne et atteste d’une fracture nume ?rique. Un de ?cryptage des multiples dimensions et impacts de l’usage du nume ?rique dans les e ?tablissements me ?dico- sociaux est ne ?cessaire : niveaux d’acculturation et de formation des professionnels, freins et leviers a ? l’adoption des outils nume ?riques dont l’intelligence artificielle, lien ope ?re ? entre soin et nume ?rique, coope ?ration et coordination avec les autres acteurs du syste ?me de sante ?, identification des situations a ? risque et anticipation des besoins.

- 2er projet : Prévention du cyberharcèlement et de la cyber-haine

Développer un logiciel de détection des messages haineux à partir d’une analyse du langage naturel pour comprendre leur structure argumentative, en permettant aux victimes de développer leur esprit critique et un contre-discours pour une meilleure lutte contre le cyberharcèlement et la cyber-haine.

Ce projet est porte ? par les chercheurs Serena Villata et Elena Cabrio (e ?quipe I3S / Inria) et Catherine Blaya (Universite ? Co ?te d’Azur- CAPEF-INSPE).
La cyberhaine sur des bases racistes, xe ?nophobe ou crite ?res religieux est en augmentation et 6% de jeunes en Europe sont victimes de cyber-harce ?lement. Une e ?tude en Europe montre que plus d’un jeune sur trois est expose ? a ? des contenus haineux en ligne, les victimes sont de 5% a ? 13% (Machackova, Blaya, Bedrosova, Smahel & Staksrud, 2020). Les cyberespaces sont des lieux d’e ?changes importants, mais aussi lieux de risques et de violence, avec des conse ?quences sur les individus mais aussi les communaute ?s en termes de cohe ?sion sociale.

Il existe 4 types de pre ?vention : juridique, e ?ducative, technologique et communicative. Aucune me ?thode mise en place de fac ?on isole ?e ne donne de re ?sultats probants et il est important de combiner les approches pour une meilleure efficacite ?.
Il existe de ?ja ? des outils faisant appel a ? l’IA et permettant la de ?tection automatique des discours violents, racistes, des injures, etc. ; mais la plupart de ces outils sont en anglais, n’inte ?grent pas les dimensions culturelles et contextuelles, ne de ?tectent pas les allusions, l’implicite, l’humour.
Le projet croisera les approches de me ?diation / reme ?diation : il est pre ?vu de de ?velopper un logiciel de de ?tection des messages haineux a ? partir d’une analyse du langage naturel, mais aussi de comprendre leur structure argumentative (pas une simple de ?tection des mots isole ?s, des insultes) et de de ?velopper l’esprit critique des victimes et donc, pour ce faire, de de ?velopper un contre-discours. D’ou ? des interventions dans 6 e ?tablissements du secondaire pour des jeux de ro ?le qui serviront de base a ? une collecte de donne ?es. Ces donne ?es, une fois analyse ?es e ?tayeront le de ?veloppement d’un logiciel de de ?tection des discours haineux et violents en ligne. Les e ?tablissements dans le cadre d’une restitution du travail re ?alise ? participeront de fac ?on collaborative au de ?veloppement de contre-discours.
La recherche se de ?roulera sur une pe ?riode d’une anne ?e avec une collecte des donne ?es pre ?vue entre septembre 2020 et janvier 2021, a ? moduler en fonction du contexte sanitaire. L’analyse des donne ?es ainsi que la production de contre-discours sont programme ?es tout au long de l’anne ?e. L’e ?quipe de recherche re ?alisera une restitution et une de ?monstration aux e ?tablissements scolaires. Enfin, une pre ?sentation des re ?sultats de la recherche est pre ?vue pour juin 2021.

-3ème projet : Artificial Intelligence Devoted to Education (AIDE)

Etudier le développement de la pensée informatique dans une double approche : créative et d’esprit critique vis-à-vis du numérique, et modéliser les tâches de résolution créative de problèmes.

Le projet est porte ? par les chercheurs Margarida Romero (directrice du Laboratoire d’Innovation et Nume ?rique pour l’Education (LINE), Universite ? Co ?te d’Azur) et Thierry Vieville (LINE, Inria) et par Lisa Roux, docteur en informatique re ?alisant un postdoc sur la cre ?ation d’une ontologie sur la ta ?che CreaCube, qui vient d’inte ?grer l’e ?quipe.

Le projet AIDE a ? l’ambition d’e ?tudier le de ?veloppement de la pense ?e informatique dans une double approche : cre ?ative et d’esprit critique vis-a ?-vis du nume ?rique. L’objectif du projet AIDE est la mode ?lisation de ta ?ches de re ?solution cre ?ative de proble ?mes comme CreaCube. Sous une approche en sciences de l’e ?ducation computationnelles (computational learning sciences) est de ?veloppe ?e une mode ?lisation tant du sujet apprenant comme de la ta ?che. La mode ?lisation va permettre de re ?aliser une analyse du comportement du sujet d’expe ?rience face a ? la ta ?che a ? exe ?cuter a ? travers la captation de ses gestes. Le projet fait appel a ? une ontologie des ta ?ches a ? re ?aliser et au mode ?le du cerveau en neurosciences computationnelles (e ?quipe INRIA Mne ?mosyme).
La premie ?re action dans le cadre du projet est la constitution d’un groupe de travail nume ?rique (GTnum) dans le cadre de l’appel re ?alise ? par la Direction du Nume ?rique Educatif (DNE) du Ministe ?re de l’Education Nationale. Le GTnum Scolia : Renouvellement des pratiques nume ?riques et usages cre ?atifs du nume ?rique et IA vise a ? identifier et a ? de ?velopper les pratiques et les usages cre ?atifs du nume ?rique pour une e ?ducation adapte ?e aux enjeux des socie ?te ?s contemporaines en mettant le devenir du citoyen critique et cre ?atif au centre de sa re ?flexion. Les activite ?s doivent permettre derenforcer la capacite ? a ? s’engager et a ? e ?velopper l’attitude, les strate ?gies et les habilete ?s sociales contribuant a ? la re ?solution de proble ?mes (au niveau individuel, collaboratif et social). Dans cette perspective, le GTnum s’inscrit dans une perspective d’e ?mancipation, visant a ? de ?velopper les savoirs et les savoir- faire des e ?le ?ves, des enseignants et des formateurs. La pense ?e critique, la cre ?ativite ? et la pense ?e informatique sont des compe ?tences cle ?s tant dans l’e ?ducation des e ?le ?ves que dans la formation des enseignants. En 2006, Wing nomme « pense ?e informatique » (computational thinking) la capacite ? d’utiliser les processus informatiques pour re ?soudre des proble ?mes dans n’importe quel domaine. Pour la de ?velopper, les apprenants (de ?s la maternelle, et a ? tous a ?ges) peuvent combiner l’apprentissage des concepts et des processus informatiques qui font l’objet de la « litte ?ratie nume ?rique » (objet, attribut, me ?thode, patron de conception, etc.) et une de ?marche de re ?solution cre ?ative de proble ?mes (creative problem solving) faisant appel aux concepts et aux processus informatiques (Romero, Lepage et Lille, 2017). D’autre part, l’OCDE (2013) met l’accent sur l’importance de la re ?solution de proble ?mes dans des environnements a ? forte composante technologique, ce qui repre ?sente le point de jonction entre les compe ?tences nume ?riques et les aptitudes ne ?cessaires pour re ?soudre des proble ?mes. Tenant compte des enjeux e ?ducatifs actuels et l’e ?mergence de l’IA, le rapport Villani et Torossian (2018) signale le besoin d’une e ?ducation plus critique et cre ?ative, mais aussi, d’une approche plus oriente ?e vers la pense ?e informatique afin que les citoyens (petits et grands) puissent acque ?rir une culture nume ?rique en conside ?rant le facteur humain dans la mode ?lisation et la cre ?ation des syste ?mes artificiels, le fonctionnement basique des algorithmes et de l’apprentissage machine ou encore adopter un jugement critique face aux limites des solutions produites par l’IA (Romero, Alexandre, Vie ?ville & Giraudon, 2020). Pour une citoyennete ? e ?claire ?e a ? l’e ?re du nume ?rique, nous avons besoin de continuer a ? aiguiser notre pense ?e critique, cre ?ative, de re ?solution collaborative de proble ?mes, tout en ajoutant une nouvelle compe ?tence cle ? a ? l’e ?re de l’IA : le de ?veloppement de la pense ?e informatique.
Le projet AIDE va donner lieu a ? une ontologie mode ?lisation tant du sujet apprenant que de la ta ?che mais de ?livrera e ?galement un document grand public permettant de faire comprendre l’importance de la mode ?lisation des ta ?ches pour l’avancement dans les sciences de l’e ?ducation computationnelles.

- 4ème projet : Impact de l’apprentissage machine sur les compétences

Contribuer à une compréhension des processus d’apprentissage par lesquels les entreprises développent de nouvelles capacités technologiques.

Le projet est porte ? par le chercheur Edward Lorenz (Groupe de Recherche en Droit, Economie et Gestion – GREDEG – Universite ? Co ?te d’Azur - CNRS) avec une e ?quipe de 3 personnes, Ce ?cile Ce ?zanne, Nathalie Lazaric et Eve Saint-Germes e ?galement du GREDEG.
Ce projet a l’ambition de de ?passer les limites de la recherche actuelle. Des e ?tudes de cas sont pre ?vues dans trois secteurs de la re ?gion de Nice et de Sophia-Antipolis : le secteur de la sante ?, les transports et la logistique, et l’ae ?rospatiale. Une enque ?te avec questions ouvertes sera adresse ?e a ? tous les types de personnels : pourquoi et comment l’apprentissage machine et les nouvelles technologies affe ?rentes entrent-elles dans les ta ?ches habituelles de l’agent ? Remplacent-elles les compe ?tences au sein de l’entreprise ? Les diminuent-elles ? Les augmentent-elles ? Conceptuellement, le projet vise a ? contribuer a ? une compre ?hension des processus d’apprentissage par lesquels les entreprises de ?veloppent de nouvelles capacite ?s technologiques.
La pre ?paration et le test du guide des entretiens se tiendra jusqu’en septembre 2020. Ils seront suivis des visites et entretiens des acteurs entre septembre 2020 et avril 2021 avant qu’une restitution ne soit fait aupre ?s des entreprises participantes, les de ?cideurs locaux et membres de la communaute ? universitaire.

Le mot des partenaires

Pour Charles Ange Ginésy, Président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, Président du Syndicat Mixte de la Maison de l’Intelligence Artificielle (S2MIA) :
«  Je suis particulièrement fier et heureux de vous annoncer aujourd’hui le lancement des quatre premiers projets de l’OTESIA. Alors que l’Intelligence Artificielle bouleverse de façon irréversible et à l’échelle mondiale tous les pans de notre société, notre collectivité, à travers sa politique SMART Deal, et ses partenaires ont su se placer en leader en créant l’OTESIA, une initiative unique en Europe. Grâce à cet outil, nous avons établi des collaborations fortes pour une ambition commune : accompagner la révolution numérique pour le bénéfice de la société. Aujourd’hui, quatre grands projets sont lancés autour de sujets qui nous concernent tous : le rapport aux dispositifs numériques des établissements médico-sociaux notamment des EHPADS et de nos seniors, particulièrement important après la crise sanitaire que nous avons vécue, la prévention du cyberharcèlement et de la cyber-haine, mais aussi l’impact de l’IA dans le monde du travail et dans l’éducation. Ces études nous permettront de mieux comprendre les enjeux de l’Intelligence Artificielle et d’envisager la façon dont notre territoire peut y répondre. C’est l’illustration que les Alpes-Maritimes peuvent devenir une référence nationale sur l’IA et démontrant notre force à être au cœur de la révolution numérique.  »

Pour Jeanick Brisswalter, Président d’Université Côte d’Azur :
«  Partenaire de la première heure de la Maison de l’Intelligence Artificielle, Université Côte d’Azur se réjouit de son ouverture. Ce nouveau lieu de fertilisation croisée sera, pour Université Côte d’Azur, une vitrine des activités et des projets développés par ses chercheurs à destination du grand public et des scolaires. La Maison de l’Intelligence Artificielle abrite OTESIA, le 1er Observatoire des Impacts technologiques économiques et sociétaux de l’Intelligence Artificielle. Lancé au mois de novembre entre Université Côte d’Azur, l’Université Laval, la CASA et le Conseil départemental des Alpes-Maritimes, cet observatoire unique en Europe, produit des enquêtes à vocation double : une étude scientifique des impacts de l’IA dans des domaines aussi variés que l’économie des entreprises, l’éducation, la santé, et la vie publique et une explication de ces enquêtes destinée au grand public. »

Pour Jean-Pierre Savarino, Président de la CCI Nice Côte d’Azur :
« L’Intelligence Artificielle « IA » fait partie intégrante de la vie des entreprises qui doivent se préparer à une véritable transformation de leurs organisations et de leurs métiers. La CCI Nice Côte d’Azur, à travers ses programmes d’accompagnement, entend faciliter cette mutation et s’est associée à la création de l’Observatoire sur l’Intelligence Artificielle. Le lancement des 4 premiers projets autour de la santé, de la cybercriminalité, du processus d’apprentissage témoigne d’une volonté d’initier des collaborations fortes pour que l’IA soit au service du développement des entreprises et du territoire dans une logique éthique et responsable. »

Pour Jean Leonetti, Président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis, Maire d’Antibes Juan-Les-Pins :
« L’Intelligence Artificielle représente le futur de Sophia Antipolis, et l’obtention du label 3IA ou encore l’ouverture de la Maison de l’IA, en collaboration avec le Département sont les preuves de notre engagement dans cette filière d’avenir. Du SophI.A Summit jusqu’au futur projet écotone, nous œuvrons à bâtir un écosystème expert, au rayonnement mondial. Le projet IA que nous portons, avec Charles Ange Ginésy et avec tous les acteurs institutionnels, académiques et économiques de Sophia Antipolis, met l’humain au centre de nos ambitions, afin que le futur inspire plus d’espoirs que de peurs. »

Suivez l’évolution des projets sur le site web de l’OTESIA ainsi que les actualités de l’observatoire

Visuel de Une : l’IA sera étudiée sous de nombreuses facettes à l’OTESIA par des équipes de chercheurs. DR Illustration

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