Santé : vos données (...)

Santé : vos données stockées chez microsoft !

Vous avez eu la scarlatine à 3 ans, les oreillons à 7, et actuellement vous suivez un traitement pour le cœur ? Eh bien figurez-vous que Microsoft n’ignore rien de votre état de santé passé et présent !

Comment est-ce possible ? Par la "magie" ou plutôt la sorcellerie du digital. Non pas que le géant américain se passionne soudain sur votre cas personnel, mais parce qu’il "a su profiter du dédale d’attribution des marchés publics et faire jouer ses relations au sein du Syntec Numérique, le lobby français des sociétés technologiques" comme l’explique Le Point dans son dernier numéro.

Cryptage garde-fou ?

Un peu fort de café tout de même ! Alors que les médecins, infirmiers et professions de santé (sans même parler des experts judiciaires) prennent un maximum de précautions pour que le secret médical soit bien gardé, il tout de même assez paradoxal que nos informations personnelles puissent ainsi traverser l’Atlantique pour aller se loger dans un "cloud" dont on ignore tout.
Pas anodin. Imaginez que demain une banque, une compagnie d’assurances, un employeur ou l’état (liste non limitative) puisse avoir accès à votre carnet de santé, et l’on peut très bien imaginer les dérives que cela peut entraîner sur les libertés individuelles (voire sur les cotisations à payer pour obtenir des garanties assurantielles : si vous êtes malade ou fragile, la prime va forcément grimper...)
Le gouvernement a donc choisi de confier l’hébergement des données "santé" de la population à une plateforme, Health Data Hub, appartenant à Microsoft. Pas de quoi s’inquiéter - paraît-il - pour Carlo Purassanta, patron France de la société américaine, qui jure que "le niveau de sécurisation, mis en place sur le Health data Hub est tellement complexe, qu’en fait, nous, on ne voit aucune donnée. C’est crypté et tout est dans les mains du ministère. Donc il n’y a aucune possibilité que quelqu’un vienne regarder l’information d’une personne spécifique" a t-il expliqué il y a quelques jours au micro de BFM.

Souveraineté digitale

Malgré cette couche de pommade apaisante, cette data ouverte aux chercheurs et aux informaticiens inquiète. Si elle a fait partie de la loi santé du 24 juillet 2019, certains considèrent que le diable se cache dans les détails. Surtout les concurrents français, dont OVH, qui n’étaient pas encore prêts, mais dénoncent aujourd’hui avec force ces transmissions de données à l’étranger alors que l’on aurait très pu, en attendant un peu, trouver une solution franco-française.
Ils font valoir que la loi américaine peut obliger Microsoft à partager les données que l’entreprise détient à la demande d’un juge. Un cauchemar dont on imagine les conséquences...
Le Conseil d’État et la CNIL se penchent sur la question.
Emmanuel Macron, qui insiste pesamment sur la "nécessaire souveraineté digitale", a sur ce sujet une belle occasion de mettre en conformité ses intentions avec la réalité.
Affaire à suivre... de près.

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