WAICF à Cannes : Veiller

WAICF à Cannes : Veiller à une IA plus inclusive

Plusieurs conférences se sont déroulées sur le stand du Département des Alpes-Maritimes. L’une d’entre elles a rappelé combien les femmes étaient lésées dans le domaine de l’IA.

Le constat est sans appel. "Dans la Tech, on a très peu de femmes. Dans l’IA, c’est encore pire", a lancé en introduction Carole Malbrancq, présidente de WHAT06 (Women Hackers Action Tank 06) et animatrice de la conférence "Vers une IA inclusive", organisée le vendredi 15 avril.
"Bien souvent dans l’IA, les modèles sont construits par des hommes donc on a de gros biais", a assuré Delphine Monti, co-fondatrice et présidente de FinWEDGE, startup FinTech. "Ce que je peux voir, en tant que recruteur, c’est qu’il n’y a pas une femme en France qui ait répondu à nos offres de data scientist, de data analyst. Elles sont systématiquement dans des fonctions de marketing, de ressources humaines alors que je pense qu’on a chez nous de grandes mathématiciennes et statisticiennes".
Daphné Marnat, anthropologue, co-fondatrice et présidente d’UNBIAS, a mis au point un outil permettant de lutter contre les biais sexistes. Elle constate évidemment cette inégalité entre hommes et femmes dans l’IA : "Dans les algorithmes de ‘’matching’’ d’offres d’emploi et de candidats, les signes discriminants sont au-delà du nom de famille, ils respirent un peu partout, dans les mots que les femmes utilisent aussi pour se décrire".

"Regards très condescendants"

Delphine Monti a fait l’amère expérience, à titre personnel, de cette discrimination, lors du salon organisé à Cannes. "J’ai eu des regards très condescendants. Je suis plutôt vue comme l’assistante ou la secrétaire. C’est dérangeant".
Mathilde Clément, responsable Innovation et R&D chez Mycophyto, startup DeepTech, confirme les propos de Delphine Monti mais précise que "cela va malheureusement au-delà de l’IA". "J’ai fait pas mal de congrès cette année. La présidente de Mycophyto est Justine Lipuma, docteure en microbiologie, et souvent sur le stand, on vient me voir et on me demande : ‘Est-ce que je pourrais voir Monsieur Lipuma, le fondateur ?’. Parce qu’instinctivement, ce n’est pas évident d’être une femme à la tête d’une startup. (…) Il faut en sourire. Les gens, après, sont ouverts à la discussion avec n’importe quelle personne. Notre force, c’est de rester positives et de faire passer le message comme ça".
Stéphanie Lopez, docteure en informatique (data scientist), estime que "ce n’est pas tellement l’IA qui est genré mais plutôt les secteurs d’application".

Éducation et exemplarité

Pour elle, "il y a deux leviers importants pour faire évoluer la représentation des femmes dans ces métiers : l’éducation et l’exemple". L’éducation ne doit pas concerner uniquement les enfants mais doit aussi viser les parents : "Beaucoup de parents ne sont pas sensibilisés à l’informatique et se retrouvent souvent noyés pour aider leurs enfants". Elle considère nécessaire de "contribuer à la vulgarisation des applications en IA, surtout de tous les débouchés. On parle beaucoup dans les médias des grands groupes, comme Facebook, mais on ne parle pas de l’IA au quotidien". C’est pour cela qu’elle a lancé avec une amie, Syntyche Gbèhounou, un podcast francophone sur la vulgarisation de l’intelligence artificielle (horizon-ia.com). En ce qui concerne l’exemplarité, "chacune de nous peut y contribuer, en prenant la parole. Il faut parler de soi en positif, prendre confiance en nous", assure-t-elle. "Au niveau éducatif, il y a encore des choses à faire mais il y a des choses qui changent", a souligné Mathilde Clément, optimiste.

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Photo de Une : De gauche à droite : Mathilde Clément, Daphné Marnat, Delphine Monti, Stéphanie Lopez et Carole Malbrancq. ©S.G

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