Un nouvel observatoire

Un nouvel observatoire sous-marin au large de Nice

Les chercheurs ont désormais accès aux mesures de leurs instruments en direct, par Internet ! L’Ifremer, le CNRS, l’IRD, l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA) et l’Université Nice Sophia Antipolis (UNS) ont mis en service un observatoire sous-marin au large de Nice. Les chercheurs ont désormais accès aux mesures de leurs instruments en direct, via le réseau Internet.

La pente continentale niçoise est une zone d’instabilité sédimentaire. Les particules s’accumulent sur la plateforme peu profonde qui borde la zone littorale et dans certaines conditions peuvent générer des processus gravitaires comme des avalanches sous-marines qui dévalent la pente continentale jusque dans les plaines abyssales. Plusieurs facteurs favorisent ce phénomène : la sismicité régionale, avec des séismes allant jusqu’à une magnitude 6,7 comme celui d’Impéria en 1887, les forts apports sédimentaires lors des crues du Var, la décharge des eaux douces souterraines le long de l’aquifère côtier, la présence de couches argileuses peu résistantes...

Les instruments de l’observatoire ont été mis en place pour contribuer à la compréhension des mécanismes de déstabilisation.

L’infrastructure de l’observatoire a été développée et déployée il y a un an sous la maîtrise d’œuvre de l’Ifremer, dans le cadre du projet Prima-Oceanomed piloté par Géoazur (CNRS-IRD-OCA-UNS). Elle est composée d’un câble électro-optique sous-marin d’environ deux kilomètres et d’enceintes électroniques assurant à la fois l’alimentation électrique des instruments et la transmission de leurs mesures en temps réel. À terre, elle est reliée à des serveurs informatiques qui autorisent le contrôle et les réglages à distance de ces instruments, via Internet.

Les instruments y ont été connectés tout récemment (du 11 au 15 septembre dernier). L’opération a mobilisé les compétences de l’Ifremer à Brest, de Géoazur à Sophia Antipolis et de l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-mer. Elle a été suivie d’une période de test des instruments. Elle a consisté à connecter deux piézomètres, qui étaient déjà sur site mais fonctionnaient de manière autonome, et un sismomètre large bande, qui vient d’y être ajouté. Les premiers mesurent la pression dans les sédiments sur une profondeur de plusieurs mètres (jusqu’à trente mètres pour le plus récent). Le second mesure les mouvements du sol, notamment ceux provoqués par les séismes proches ou lointains. Ils sont disposés par vingt à trente mètres de fond, sur l’étroit plateau qui borde l’aéroport de Nice, une zone étudiée depuis de nombreuses années par les géologues de plusieurs instituts, dont l’Ifremer et Géoazur.


Les opérations en mer

Le sismomètre est opéré par Géoazur pour le compte de ses tutelles (CNRS, OCA, UNS, IRD) au même titre que les stations sismologiques de RESIF* installées dans la région PACA. Chacun peut visualiser les mesures en quasi-direct sur internet (http://sismoazur.oca.eu/sismogram/, en cliquant sur le triangle au large de Nice). Les données sont également accessibles aux chercheurs sur le site www.resif.fr, au standard des données sismologiques terrestres. C’est le second sismomètre sous-marin à rejoindre ce réseau.
Les informations sismologiques pourront être rapidement corrélées aux mesures de pression fournies par les piézomètres, elles aussi accessibles en temps réel. Les données collectées devraient mettre en évidence quels types de mouvements du sol sont susceptibles d’engendrer des déformations permanentes significatives des sédiments au large de l’aéroport de Nice. Cette approche a pour ambition d’affiner la caractérisation du rôle des tremblements de terre sur la préparation ou le déclenchement de glissements sous-marins.

Visualisation en direct, sur le PC d’un chercheur de l’Ifremer, des mesures de pression et de températures réalisées au large de l’aéroport de Nice par un piézomètre (doc. S. Barbot).
Schéma de la configuration actuelle de l’observatoire.

L’observatoire installé à Nice est une partie intégrante de l’infrastructure de recherche EMSO France, contribution française au tout nouveau ERIC EMSO, établi à Rome le 29 septembre 2016 (ERIC : European Research Infrastructure Consortium www.emso-eu.org/)
Ce projet a bénéficié d’un financement de la région PACA et du FEDER (Fond européen de développement économique et régional), complété par des budgets Ifremer et CNRS.

*RESIF est le réseau sismologique et géodésique français. Il compte près de huit cents sites d’observation sur l’ensemble du territoire.

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