Roquefort-les-Pins : (...)

Roquefort-les-Pins : Rendez-vous Place du Marché

La nouvelle Place du Marché est la dernière composante de la centralité pensée il y a plus de 30 ans par le maire Michel Rossi, qu’il a soigneusement menée.


©S.G

Une superbe halle, des arbres, de grandes allées, des bâtiments conçus dans l’esprit des maisons de village : la Place du Marché, nouvel aménagement de Roquefort-les-Pins, qui a accueilli l’été dernier ses premiers commerçants et, depuis quelques semaines, ses premiers résidents, a tout de la place de village traditionnelle. Avec même son four à pain (opérationnel) et son lavoir (symbolique).

Une réussite pour Michel Rossi qui voit ainsi la concrétisation d’un projet global imaginé il y a plus de 30 ans : celui d’offrir à cette commune de 7 500 habitants le centre-ville qui lui faisait défaut.


Michel Rossi ©S.G

« Historiquement, Roquefort n’avait pas de centre, nous sommes une partie détachée de Saint-Paul -la commune a été créée en 1790- et ceux qui se sont installés l’ont fait par quartiers  », raconte le maire, né à Roquefort et élu pour la première fois en 1983. « Dans les années 50, il y avait ici (le centre actuel, NDLR) une grande ligne droite et un terrain vague qui servait de terrain de foot, avec une petite mairie et une école à côté. Nous sommes restés comme cela pendant 30 ans. Nous n’avions rien pour nous retrouver. Mon idée était, un jour, de créer un centre. Quand je serai grand, je ferai un centre… », s’amuse-t-il à dire. « Nous l’avons fait par petits morceaux parce qu’il est difficile de changer les habitudes  ». Pour la Place du Marché, l’élu précise qu’il s’agit de la «  dernière phase avec le pilotage de la mairie ». « C’était compliqué car il a fallu briser des résistances et prendre des risques politiques. Dans un village rural, les gens vous disent : mais qu’est-ce que tu fais là ?  », explique-t-il. Pour convaincre, il a appliqué sa méthode, basée sur la discussion. Tout en sachant que le fait d’être né ici était un atout important. « J’ai toujours fait des réunions de quartier. Je n’attends pas les élections pour aller voir les gens ».

« Se rapprocher »


Pour ce projet, « nous avons fait un appel à candidatures auquel nous n’étions pas tenus. Nous avons eu trois projets, nous les avons exposés et nous avons demandé à la population de choisir. Nous avons pris ce qu’ils ont choisi  », relate Michel Rossi. « Ils nous ont notamment dit qu’ils ne voulaient pas de bâtiments de plus de trois niveaux ». Et «  cela n’a rien coûté à la commune puisqu’on a fait une concession d’aménagement  », assure-t-il. Le promoteur est la société Les Nouveaux Constructeurs, créée en 1972 et qui a livré pas moins de 80 000 logements. La maîtrise d’œuvre a été confiée à l’agence MAP Architecture. « Maintenant, il faut que les gens s’approprient tout ça. Il ne faut jamais aller trop vite en matière d’urbanisme », relève Michel Rossi.

Dans une commune composée majoritairement de maisons individuelles, peu accessibles aux primo-accédants ou aux personnes avec des revenus modestes, France Zattara, la responsable du pôle cabinet-communication auprès du maire, se réjouit que le nouveau programme immobilier, qui inclut également des logements sociaux, puisse permettre à « de jeunes Roquefortois d’acheter et à des retraités de se rapprocher du centre ». Le maire rappelle qu’il a également fait des logements sociaux pour de l’accession à la propriété et que «  des dizaines de familles roquefortoises ont ainsi pu acheter ». «  C’est l’une de nos plus grandes fiertés d’avoir permis à ces enfants de Roquefort de rester au pays parce ce qu’ils ne pouvaient pas acheter un terrain à 300 000 ou 400 000 euros et faire 200 000 euros de travaux pour construire une maison dessus  ».

Plus de 200 logements et une vingtaine de commerces

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« Nous nous sommes interdit les grands gestes architecturaux ne présentant en l’espèce aucun intérêt spatial, pour, à la différence, produire une diversité de petits habitats, traités différemment, et qui, juxtaposés, viennent former la ville », expliquait l’architecte Jean-Louis Umani, de MAP Architecture, dans le dossier de présentation du projet. « Composé de 205 logements répartis sur 3 îlots ouverts, « Cœur Village » ne donne à aucun moment l’impression d’une répétition, ni aux résidents la sensation d’habiter un ensemble. Nous nous sommes attachés à ne rien inventer, juste à imaginer le cœur village tel qu’il aurait pu être s’il s’e ?tait développé naturellement au fil des siècles », ajoutait-il. Les logements (de deux à quatre pièces) sont répartis sur deux ou trois niveaux, avec des commerces en rez-de-chaussée dans certains immeubles.

Sont déjà ouverts une boutique Picard, un caviste et traiteur-charcutier, une boutique Les comptoirs de la bio, un fleuriste Roni et une agence immobilière. Un boulanger, un poissonnier et une boutique de chocolats Jeff de Bruges vont ouvrir très prochainement. Certains espaces ont été proposés par le promoteur en pop-up store « pour des commerces qui seraient éventuellement un peu réticents », explique France Zattara. « Mais il y en aura de moins en moins », ajoute-t-elle, expliquant que les Roquefortois «  aiment consommer sur place ».
Le maire attend désormais un café, restaurant ou bistrot, pour « amener encore plus de vie » sur cette place.

La Maison Julou déjà dans la place

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Parmi les nouvelles enseignes, une boutique correspond parfaitement à l’esprit de la nouvelle place : la « Maison Julou  », gérée par Elien et Matthieu Lestrade, anciens propriétaires du restaurant Le Clos Saint-Basile à Mougins, adresse gastronomique qui proposait une cuisine raffinée et de beaux accords mets et vins. Matthieu le chef et Elien la sommelière se lancent aujourd’hui un nouveau défi : celui d’un charcutier-traiteur qui propose tout, de l’apéritif au dessert, et d’un caviste très pointu. « Nous n’avons rien inventé, rien révolutionné », explique avec humilité Matthieu Lestrade, chef talentueux qui a travaillé au sein de nombreux établissements étoilés (Troisgros, Les Pêcheurs, George V, Prince de Galles) avant d’œuvrer au Clos Saint-Basile. «  Notre esprit, c’est d’être un charcutier-traiteur au sens lyonnais du terme, avec du saucisson pistaché, du saucisson brioché, des pâtés en croûte, de la choucroute… ». En dehors du fromage et des salaisons, tout est fait maison : les saucisses, les boudins, le jambon blanc, les plats du jour (paëlla, couscous, aïoli, pot au feu…) et les desserts. « Nous croyons beaucoup dans la disposition de la place, avec cette grande halle centrale », souligne le nouveau charcutier-traiteur. Il confie que pour la partie caviste, ils ont fait le choix de « proposer 200 références de vins », sélectionnés avec beaucoup d’application, alors que « la plupart des charcutiers-traiteurs ne vendent habituellement que quelques références  ».
À entendre les commentaires élogieux de certains clients qui sont déjà venus, on croirait presque que la Maison Julou est là depuis un moment. Ce n’est pourtant que le début.

Photo de Une ©S.G

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