Les harkis toujours (...)

Les harkis toujours en quête de reconnaissance

Une cérémonie particulière a eu lieu le 25 septembre, devant la stèle de Roland Moreau – mémorial du cinquantenaire – située sur la Promenade des Anglais en face du Centre Universitaire Méditerranéen (CUM). Elus et représentants de harkis ont déposé des gerbes de fleurs en mémoire de ces soldats engagés dans l’armée française au cours de la guerre d’Algérie et abandonnés en 1962.

La ville de Nice commémore tout au long de l’année le cinquantenaire du Rapatriement d’Algérie. Ce mardi 25 septembre, un hommage national, comme c’est le cas chaque 25 septembre depuis 2001, était rendu aux harkis dans toutes les préfectures de France. L’occasion d’honorer un rendez-vous « solidaire » entre les élus de la République et des membres d’association de harkis. Tout a débuté devant le Mémorial du cinquantenaire où la traditionnelle cérémonie de dépôt de gerbes s’est tenue en début d’après-midi. Un court message présidentiel, très attendu par la communauté, a été lu. « La France se grandit toujours lorsqu’elle reconnaît ses fautes… La mémoire des harkis est une mémoire vivante et souffrante, elle impose à la France un retour sur elle-même et sur son histoire. En cette journée nationale dédiée au souvenir, il importe que la vérité soit dite, que les leçons en soient retenues […] Il y a cinquante ans, la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s’étaient placés sous sa protection, ceux qui l’avaient choisie et qui l’avaient servie ».

Des gerbes ont été déposées devant le Mémorial du Cinquantenaire

Reconnaissance

Ce moment d’intense émotion a été suivi du quatrième colloque, portant sur le Cinquantenaire du Rapatriement des Français d’Algérie, dans l’amphithéâtre du CUM. Après la diffusion d’une série de quatre films d’archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), Nasser Sahour, président d’une association de harkis, a ouvert le débat où trois intervenants se sont succédés. Il a tenu à demander une véritable reconnaissance de leur tragédie. « C’est l’une des pages les plus terribles de l’histoire contre les Harkis. Des soldats qui ont donné leur vie pour la France et qui n’ont pas eu la reconnaissance qu’ils devaient obtenir de la France »

Outrage

Jean François Mattéi, professeur de philosophie politique, est intervenu pour souligner les conditions injustes et insalubres dans lesquelles 60000 harkis ont été accueillis. « Les Harkis se sont battus pour la France pendant deux guerres mondiales. Ils ont été logés dans des camps d’hébergement militaires dans de mauvaises conditions. C’est inadmissible lorsqu’on croit à l’hospitalité méditerranéenne […] La situation de la France est un peu paradoxale. Elle a fait un texte de loi pour reconnaître le crime des autres (génocide arménien). Mais elle est incapable de reconnaître officiellement son propre crime : l’abandon délibéré des harkis ».

La position du général de Gaulle, selon Jean-Michel Nogueroles

" Quelles étaient les intentions véritables du Général De Gaulle ? Il a incontestablement proposé jusqu’au milieu de l’année 1960 une ligne tout à fait française et fédéraliste pour l’Algérie. Il a incontestablement fait preuve d’un manque étonnant d’habilité dans la gestion de l’affaire Si Salah (qui aurait pu mettre un terme à la guerre d’Algérie), qu’il a géré directement avec ses conseillers élyséens sans écouter son Premier ministre (s’agissant du report éventuel de son appel au GPRA). Il a semble-t-il été opposé au projet Debré – Frey de faire proclamer une République d’Algérie par une troisième force (qu’aurait pu diriger le Général Jouhaud) en vue de demander le rattachement de l’Algérie à la France dans un cadre fédéral (ce qui a conduit à l’arrêt prématuré de ce projet). Cette ligne française et fédérale était pourtant bien celle de Michel Debré et de certains de ses ministres. Elle emboîtait le pas à celle des intellectuels libéraux comme Albert Camus et Marc Lauriol. Albert Camus est mort trop tôt pour en avoir attesté suffisamment (mais il suffit de le lire pour le vérifier).
Et c’est finalement une autre ligne qui sera retenue et la démission du Premier ministre Michel Debré qui s’imposera, au lendemain des accords d’Evian. Il est vrai que le Général de Gaulle gérait directement, depuis la fin de 1960, les affaires algériennes avec ses Ministres Joxe et Messmer (dans le cadre du Comité des affaires algériennes).
La motivation réelle de ce revirement doit encore être élucidée. Les historiens doivent encore travailler sur cette question. On l’a vu, l’explication communément admise retenant la prise en compte de l’opinion internationale ne vaut que pour le recours à l’autodétermination. Mais, cela n’explique pas pourquoi on n’a pas tenté de mener à bien, jusqu’à son terme, la solution visant à décoloniser l’Algérie dans le cadre d’un système fédéral, au terme d’un processus démocratique, organisé dans la Paix des braves. Ce qui est aujourd’hui certain est que les Harkis, principalement, et les pieds noirs, dans une moindre mesure, on été les victimes désignées des hésitations et des revirements de la politique de la Vème République en Algérie. Il est grand que cela se sache et qu’Honneur leur soit rendu !"

- Calendrier des événements à venir :

- Programme des deux derniers colloques thématiques organisés par la ville de Nice :

- le 15 octobre : l’Exode et les conditions du Rapatriement ;
- le 15 novembre : le contingent et une guerre qui n’a pas dit son nom.

- 15 décembre 2012 – 14 janvier 2013

Une pièce de théâtre sur Albert Camus et Mouloud Feraoun, au Théâtre National de Nice, courant décembre. Le Directeur du Théâtre National de Nice, Monsieur Daniel Benoin, a programmé cette création de Jacques Bellay, autour des textes d’Albert Camus et et Mouloud Feraoun, intitulée "Enfances Algériennes".

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