Pour une meilleure (...)

Pour une meilleure reconnaissance de la formation professionnelle initiale et continue aux métiers de l’eau

Le thème de la formation professionnelle aux métiers de l’eau a trouvé
sa place durant le récent Forum Mondial de l’Eau de Marseille :
interventions du Réseau International des Centres de Formation
aux Métiers de l’Eau (RICFME), présentation des expériences
et recommandationas des Organismes–Membres du RICFME,
signature d’un accord pour la création « d’AQUACAMPUS
 », entre AgroParisTech – ENGREF, l’ENGEES,
le 2IE, l’ONEMA et l’OIEau pour l’organisation et la
diffusion de Masters destinés aux futurs gestionnaires
des administrations et services de l’eau francophones.

Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l’eau, s’est ainsi exprimé sur le sujet : « Imposons
qu’une part importante des programmes de création
d’infrastructures soit consacrée au fonctionnement et
à l’entretien des réseaux, des barrages, des stations
de traitement. Pour cela sachons former plus d’hommes
et de femmes préparés à ces tâches quotidiennes. Le monde
a besoin annuellement de dizaines de milliers de techniciens et
de gestionnaires capables de faire fonctionner les services publics de
l’irrigation, de distribution d’eau ou de l’assainissement ».

Conclusions et recommandations générales issues des débats

Pour atteindre les objectifs du millénaire pour l’eau potable et l’assainissement
et répondre aux enjeux alimentaires et énergétiques, il faut
créer de nouvelles infrastructures et améliorer la qualité des services
pour répondre aux besoins des usagers. Ces objectifs passent par
une exploitation et une maintenance plus efficaces, le renouvellement
des ouvrages, ainsi qu’une meilleure gouvernance des services et un
renforcement des compétences et des ressources humaines. Même
s’ils sont encore insuffisants, de nombreux investissements se réalisent
chaque année dans le secteur de l’eau. Souvent, ces investissements
n’atteignent pas complètement leurs objectifs par suite de défauts de
conception, mais aussi surtout d’insuffisances multiples au niveau de
leur gestion et de leur exploitation. Beaucoup d’infrastructures se dégradent
trop rapidement et on assiste ainsi à un gaspillage important
de crédits. Les actions sont encore trop tournées vers la seule réalisation
prioritaire d’équipements, sans un souci suffisant de leurs conditions
ultérieures de gestion économique, d’exploitation et de maintenance,
ni de la prise en compte appropriée du « Grand cycle de l’eau » dans
sa globalité.

La formation professionnelle, initiale et continue, est un outil
essentiel pour renforcer l’efficacité des services collectifs de
l’eau. Les compétences et les capacités professionnelles tant aux
niveaux des cadres, que des techniciens et surtout des ouvriers sont
encore trop souvent insuffisamment développées dans quasi
tous les pays émergents. Il est donc indispensable de renforcer
les capacités de formation institutionnelle, économique
et technique des professionnels de l’eau afin de
permettre une organisation plus efficace des usages
et des services collectifs. Les personnels concernés
sont très nombreux et les besoins importants : à titre
d’exemple, pour un service urbain d’eau desservant
1.000.000 d’habitants, on estime entre 500
et 700 le nombre d’employés nécessaires de tous
niveaux.

Il serait donc souhaitable de mieux soutenir la formation
professionnelle aux métiers de l’eau par des
mécanismes financiers pérennes. Les pistes envisagées
pourraient être :
 ? Financer la formation dans le cadre des investissements en pourcentage
des travaux neufs ou de réhabilitation,
 ? Créer des « Fonds spécifiques » à l’échelon national pour le développement
de la formation professionnelle, alimentés par des taxes ou
contributions proportionnelles à la masse salariale des entreprises ou
par un pourcentage du prix de vente de l’eau,
 ? Prévoir la formation des employés dans les budgets des entreprises
d’eau (publiques ou privées) à hauteur minimale de 2% au moins de
la masse salariale.

L’Aide Publique au Développement, bilatérale ou multilatérale, et les
programmes consacrés à l’eau par les organisations de coopération
internationale, doivent intégrer ces principes, ainsi que l’expérimentation,
l’évaluation et l’échange de savoir-faire en matière de formation
professionnelle, notamment en soutenant des réseaux de coopération
entre centres de formation.

Le Réseau International des Centres de Formation aux Métiers de l’Eau
(RICFME/INWTC) regroupe aujourd’hui les 15 organismes partenaires
de l’Algérie, du Benin, du Burkina Faso, de France, du Kenya, du
Laos, du Liban, du Mali, du Maroc, du Mexique, de Pologne, du Togo,
de Tunisie, d’Ouzbékistan, du Viêtnam… Il est présidé par l’ONEP. Il y
a actuellement dans le monde au moins plus d’une vingtaine de Projets
de créations ou de renforcement de centres de formation aux métiers
de l’eau, qui sont toujours en instance de financement après que des
études sérieuses en aient confirmé la nécessité et la faisabilité.

L’importance stratégique de la formation professionnelle et l’intérêt de
la coopération entre les établissements spécialisés de formation, ont
donc été fortement soulignés durant le Forum Mondial de l’Eau de
Marseille.

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