Alan is back

Alan is back

Alan est de retour. Oui, Alan Greenspan, le célébrissime past-president de la FED, qui demeura en poste pendant presque quatre lustres. La constante générosité de sa politique monétaire lui valut la reconnaissance émue des marchés financiers, qui l’élevèrent au rang de « gourou ». Ben Bernanke a fait plus fort encore que son prédécesseur et père spirituel, en institutionnalisant l’usage de la planche à billets ; la troisième génération, avec Janet Yellen, promet se surpasser ses ancêtres dans la cadence des rotatives. On l’observe depuis longtemps dans l’entreprise familiale : la troisième génération est celle de tous les dangers. Mais revenons à Alan, que l’on croyait confortablement installé dans une retraite bien méritée. A tort : ce travailleur infatigable, qui avait l’habitude de méditer dans son bain dès potron-minet, vient de commettre un nouvel opus. Dans lequel il revient sur l’éventuelle responsabilité de la FED, et donc de la sienne, dans la bulle immobilière US, la multiplication des subprime et les désastres qui ont suivi. L’âge venant – il a désormais 87 ans -, Alan nuance un tantinet sa position antérieure selon laquelle rien ne pouvait être reproché à la FED en la matière. Alors que les critiques n’ont pas manqué de s’accumuler, on s’en doute : si la politique monétaire ne devait avoir aucune incidence sur la distribution de crédit, on se demande bien à quoi pourrait servir une Banque centrale…

Mais Alan reconnaît que l’Institut d’émission n’a pas vu venir la crise. Pas plus que lui, en dépit de ses bains méditatifs matutinaux. Il faut donc qu’il y ait une raison, vu qu’un Banquier central et son équipe sont tout ce que l’on veut, sauf des crétins des Alpes. Eh bien, voici l’explication : le comportement des agents économiques demeure irrationnel. C’est-à-dire non conforme aux modèles que les économistes ont construit pour expliquer un monde parfait, celui de l’homo œconomicus - le pilier conceptuel de la science économique contemporaine. N’ayant pas encore lu l’œuvre de Greenspan, le billettiste ne peut dévoiler les conclusions auxquelles le grand homme n’aura pas manqué d’aboutir : puisque le comportement rationnel est une fable pour étudiants sages, toute la théorie économique de notre temps peut être confiée aux dents du broyeur. Voilà qui est rassurant : il y a enfin une explication au fait que les économistes ne comprennent absolument rien à ce qui se passe. Mais on peut leur faire confiance pour exiger que la Loi impose au pékin de se conduire conformément aux modèles économétriques. Sous la menace d’être déporté au Kosovo.

La recette du jour

Le modèle du business

Vos affaires partent en quenouille. Pourtant, votre business-plan était un modèle d’intelligence et de cohérence. Ne renoncez pas. Faites pression sur les parlementaires pour qu’une loi impose au pékin de travailler avec vous. Si vous n’y parvenez pas, devenez économiste. Ou mieux encore, banquier central : vous aurez toujours raison.

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