Biens publics et dégâts

Biens publics et dégâts privés

Quantité de parallèles ont déjà été faits entre la crise financière et la crise nucléaire. La similitude est en effet criante : le crédit est aussi indispensable à l’activité que l’énergie ; la production de l’un et de l’autre relève d’un métier à hauts risques. Qui faute de précautions scrupuleuses, c’est-à-dire d’une réglementation et d’un contrôle sourcilleux, peut déclencher des dégâts systémiques d’une ampleur incalculable. Il semble bien que les deux phénomènes relèvent d’un même processus, d’une véritable déstructuration du système dans lequel nous avons investi nos croyances et nos espérances en un avenir meilleur. Un dogme universaliste qui a imposé sa puissante attraction plus efficacement que n’importe quelle religion historique ; dont les aspects positifs (bien réels) ont délibérément occulté la litanie grandissante de dommages collatéraux. Cette croyance s’appelle l’économisme, un corpus philosophique paraplégique, qui réduit les aspirations métaphysiques de l’espèce à l’enflure illimitée de sa tirelire. Et qui apparemment aveugle ceux qu’elle veut perdre.

Le collapsus des subprime et de ses dérivés n’avait pas encore produit tous ses effets que le G20 s’interrogeait gravement sur « l’après-crise ». Et à la faveur d’un apparent redémarrage de la machine, décidait qu’une simple vidange suffisait à la poursuite des aventures. On ne prétendra pas ici qu’il fallait renoncer aux banques et au crédit, mais le bon sens élémentaire imposait de changer de moteur et de carburant. De la même façon, les mouvements écologistes européens sont aujourd’hui réunis à Budapest, avec au menu « l’après-Fukushima ». Le problème n’est pourtant toujours pas résolu et Fukushima n’a pas (encore) été rayé de la carte. Sera donc débattue l’urgence de « renoncer au nucléaire », une hypothèse qui demeure farfelue tant que l’on sera incapable d’exploiter efficacement les inépuisables ressources du solaire. Mieux vaudrait sans doute s’interroger sur les modalités d’exploitation immédiates de l’énergie atomique afin d’en réduire les risques à des dimensions acceptables. Moyennant le coût approprié, bien entendu. Les ressources de l’environnement relèvent partout dans le monde des biens publics. De multiples difficultés seraient aplanies si l’on acceptait de ranger dans cette même catégorie la production d’énergie et celle de… l’argent. Ce serait une authentique révolution que de renoncer à un mode de vie où la réussite individuelle se mesure à la capacité de s’approprier ce qui appartient à tous.

La recette du jour

Opulence sans conscience

Partout dans le monde la loi punit le vol de ce qui appartient à chacun. Nulle part elle ne prohibe l’appropriation de ce qui appartient à tous. Profitez-en pour exploiter l’eau, l’air, le pétrole, l’uranium, etc., ainsi que l’argent. Le métal et la monnaie. Vous deviendrez riche, puissant et détesté. Mais vous serez en règle avec la Justice, faute de l’être avec votre conscience.

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