Un « incroyable effort de

Un « incroyable effort de solidarité »

On dirait que les places financières continuent ce matin de faire la tête. Comme vous l’avez observé, leur mauvaise humeur a curieusement débuté lundi dernier. Curieusement, parce c’est la veille au soir que l’Union européenne avait annoncé le bouclage du « plan de sauvetage » de la Grèce, avec les flonflons appropriés au caractère prétendument historique de la décision.

Pensez-donc : l’Allemagne vertueuse avait finalement accepté de prêter des sous à ces paniers percés de Grecs, en dépit des dommages collatéraux qu’une telle décision inflige à Dame Merckel, confrontée à l’imminence d’un scrutin délicat pour sa faction politique. Et soumise à la pression des tabloïds allemands, qui ne cessent de conspuer Athènes avec une férocité toute prussienne. Et puis, disons-le tout net : aucun Etat-membre ne dispose d’une tirelire où piocher les 80 milliards d’euros de crédits consentis (sur trois ans), 30 autres milliards étant apportés par le FMI sur la même période. Les généreux créanciers devront donc emprunter ces mêmes montants sur le marché, selon le principe de la cavalerie qui caractérise notre système financier depuis des lustres.
Seulement voilà : en dépit du « petit bénéfice » que sont supposés réaliser les contributeurs (certains vont emprunter à environ 1.5% pour prêter à 5% à la Grèce), en dépit du symbole émouvant de cet « incroyable effort de solidarité » des Etats européens (selon les termes du Directeur-général du FMI), les marchés n’ont retenu de cette affaire que son côté « incroyable ».
Incroyable, parce que les concours sont accordés pour 3 ans, période durant laquelle la Grèce est supposée retrouver ses grands équilibres, grâce au plan d’austérité que la population a manifestement accueilli avec un enthousiasme délirant. Incroyable, parce que les montants alloués seront probablement très insuffisants pour permettre à la Grèce d’échapper au défaut de paiement. Incroyable, parce que les prêteurs vont se faire écorner d’un bon paquet, ce qui évidemment altèrera la qualité des signatures souveraines encore respectables, ainsi que celle des banques prêteuses déjà suspectes d’impécuniosité. Incroyable, parce que cet ensemble devrait accroitre les tensions dans l’Eurozone et exposer la Communauté à la chienlit.
En attendant, l’euro est logiquement attaqué. A qui profite le crime ? Eh bien, les désordres présents soulagent les pressions sur le dollar, qui demeure pourtant l’une des monnaies les plus suspectes de la planète, avec sa cousine la livre sterling, que le résultat des élections à venir devrait secouer méchamment. Au royaume des aveugles…

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