Diplomatie gastronomique

Diplomatie gastronomique

Quel panache ! L’Amérique d’Obama a réservé un accueil princier à notre Président. Un déluge d’honneurs ayant enseveli les dossiers qui assombrissent les relations entre les States et l’Europe en général, et la France en particulier. Maintenant que « la confiance mutuelle est restaurée », plus question de s’émouvoir de l’espionnite obsessionnelle de Washington, de sa politique étrangère d’Attila ou de ses ambitions sournoises au travers du traité transatlantique. Pas question pour les firmes françaises, qui essaient de reprendre pied en Iran d’où elles ont été chassées par la lex americana, de poursuivre plus longtemps leur action : l’Oncle Sam ne le permettra pas, car il réserve les marchés futurs à ses propres multinationales. Le patron a courtoisement réaffirmé ses conditions. Heureusement, la France n’a pas échangé son allégeance contre un plat de lentilles : on a servi à son président du caviar de l’Illinois, un mets raffiné même s’il n’arrive pas à la cheville du beluga russe, et pour dessert une ganache (fraîche, pas une vieille ganache), concoctée par le pâtissier de la Maison-Blanche, qui est parfaitement francophone et donc nécessairement talentueux. L’orgueil gastronomique français a ainsi été préservé.

C’est que nous autres hexagonaux, nous ne plaisantons pas avec le contenu de notre assiette. Voilà pourquoi nous bénéficierons bientôt d’un nouvel label : « Viandes de France », qui garantira que les bêtes sont nées, qu’elles ont été élevées et abattues sur notre territoire. Serons-nous garantis d’acheter du bœuf et non du cheval ? L’histoire ne le dit pas. Mais même si ce n’était pas le cas, au moins le cheval serait-il français. En fait, le billettiste doit reconnaître que son ironie est mal placée. Car les Etrangers créditent spontanément les produits français d’un label de qualité. Pour preuve : nos voisins britanniques, qui d’ordinaire n’hésitent pas à nous tailler des croupières, admettent que l’origine française constitue un avantage substantiel dans la chaîne agroalimentaire. Et que la revendiquer indument constitue un délit. Ainsi, une bière de marque française, mais fabriquée en Angleterre, a-t-elle été rappelée à l’ordre pour laisser accroire, dans sa publicité, qu’elle était brassée en Alsace. Le juge british n’a pas hésité à sanctionner la 1664, même si c’est Eric Cantona qui fait l’article. Un tel incident a peu de chances de se produire chez nous : même promue par David Beckham, la Guinness ne fera jamais un carton dans nos contrées.

La recette du jour

Fromage et vanité

Vous êtes en voyage d’affaires aux Etats-Unis. Ne sous-estimez pas l’habileté de vos hôtes au prétexte qu’ils seraient des bourrins acculturés. Beaucoup connaissent la fable du corbeau et du renard. Et ils pourraient bien flatter votre vanité pour chouraver votre fromage.

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