E = dv2

E = dv2

Plus on va vite, plus le temps est long. C’est ce que pose la théorie de la relativité restreinte et son fameux E = mc2. Dans leur grande majorité, les lycéens n’ont pas assez de leur vie entière pour tutoyer le génie d’Einstein et comprendre ce que peut vouloir dire cette fichue équation. Seulement voilà : si la vitesse de la lumière est la même pour tout le monde, partout dans l’Univers, la vitesse de la pensée est très inégale chez les individus de notre espèce. En d’autres termes, la plupart des sapiens sapiens ne sont pas des lumières. Vous pensez peut-être que la théorie d’Einstein ne concerne que les astronomes et les cosmonautes, et donc que le pékin peut s’exonérer des migraines que provoque invariablement toute tentative d’éclairer le sujet. Eh bien, sauf votre respect, vous avez tort. Car la relativité restreinte a été transposée à la vie quotidienne, et illumine la première préoccupation de l’humanité : la production de richesses. Selon Jean Poulit, ancien préfet et père de « Bison futé », l’énergie économique (E) est égale au produit de la densité de population (d) par le carré de sa vitesse de déplacement (v). Autrement dit, plus on va vite, plus on produit : E = dv2.

On doit à M. Poulit une constante implication dans la problématique de l’équipement et des transports – il est assurément un spécialiste de ces questions. Une bonne synthèse de son approche figure dans ce long article de La Tribune, visant à dénoncer le projet de réduction de la vitesse autorisée sur route et autoroute : ralentir la circulation automobile nous ferait perdre 2% de PIB. L’axe central de sa démonstration repose sur un constat : le temps consacré aux transports est très stable sur une longue période. C’est-à-dire que l’individu ne choisirait pas son lieu de travail en fonction de la distance qui sépare ce dernier de son domicile, mais en fonction du temps qu’il met pour y accéder. Si l’on ralentit sa bagnole, son périmètre d’activité se réduit. Résultat : moins de production, plus de chômage. Le plaidoyer du haut fonctionnaire Jean Poulit illustre à merveille la façon dont se construit désormais une politique : à partir d’une matrice économétrique, où sont « valorisés », pêle-mêle, la production, les nuisances environnementales diverses, les blessés et les morts par accident de la route, le moral des ménages et le confort des ratons laveurs. L’alpha et l’oméga de toute politique, c’est la productivité, coco.

L’équation du jour

La productivité du travailleur croît proportionnellement au carré de la vitesse à laquelle il se bouge les fesses (d’après Einstein).

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