En route vers le SMIV

En route vers le SMIV ?

Finalement, tant qu’il n’a pas réussi à monter son usine à gaz, tout gouvernement s’ennuie. Chez nous, le domaine favori pour tester une nouvelle architecture gazière, c’est celui des relations entre l’entreprise et les salariés. Pourtant, Il y a déjà un bric-à-brac réglementaire suffisant pour occuper toute leur vie un avocat en droit social, un responsable syndical et une colonie de ratons laveurs. Mais il en va ainsi des grandes démocraties : pour éviter que les chamailleries liées au travail ne se résolvent (mal) par des grèves à répétition, coûteuses pour l’économie et la popularité des dirigeants, l’exécutif n’hésite pas à proposer des mesures préventives. Susceptibles de désamorcer les velléités protestataires, dont le pouvoir redoute légitimement qu’elles ne dégénèrent en chienlit sociale. Evidemment, l’exercice n’est pas sans risques. Celui notamment de mécontenter toutes les parties prenantes au conflit latent. Ainsi donc, notre Président en personne s’est récemment ému de voir prospérer les dividendes des actionnaires et les bonus des managers, alors que les salaires stagnent : « Est-ce que c’est normal ? Je pose la question » a-t-il lancé publiquement. Et il vient d’y répondre, par la voix de ses ministres spécialisés.

Un texte serait donc en préparation, afin de contraindre les entreprises qui « augmentent leurs dividendes » à verser à leurs salariés une prime. Laquelle serait (bien sûr) déductible du revenu imposable de la firme, et exempte de charges sociales pour le bénéficiaire, dans la limite unitaire de 1.000 euros. Un supplément au titre de l’intéressement et de la participation, par exemple, deux systèmes déjà obligatoires dans notre pays (au-dessus de 50 salariés) et permettant d’attribuer au personnel une fraction proportionnelle des profits réalisés – même sans attribution de dividende. En foi de quoi s’est-on déclaré « un peu stupéfait » au Medef, et beaucoup partagé au sein des syndicats de salariés. On comprend aisément les uns et les autres, d’autant que la mise en place de telles procédures promet de se révéler kafkaïenne. Mais elles ouvrent surtout la voie à une révolution copernicienne, mettant sur le même plan la rémunération du capital et celle du travail. En les rendant toutes deux aléatoires et liées au profit résiduel de la firme. Voilà qui préfigure sans doute la naissance du SMIV, le salaire minimum interprofessionnel variable. La fin du salariat, en somme : une évolution passionnante en termes de société. Mais probablement porteuse de bien des difficultés…

La recette du jour

Gestion Belle Suzon

Vous êtes entrepreneur et vos salariés ne comprennent pas que les profits sont la condition sine qua non de la survie de l’activité. Faites-leur écouter Brassens en boucle : « Chez l’épicier, pas d’argent pas d’épices/Chez la belle Suzon pas d’argent pas de cuisse  », et rémunérez-les exclusivement au résultat. S’ils ne comprennent toujours pas, sabordez votre affaire et lancez-vous dans la chanson.

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