Eucalyptus à la feuille

Eucalyptus à la feuille d’or

Que ferait-on sans l’eucalyptus ? On n’imagine pas la quantité de ressources offertes par les quelque six-cents espèces de cet arbre d’origine australienne, dont le feuillage constitue le menu ordinaire du koala. Un feuillage dont les vertus antiseptiques et apaisantes sont depuis longtemps connues des bronchiteux, des asthmatiques et des catarrheux. Les fleurs d’eucalyptus réjouissent les abeilles qui en tirent ce miel irisé de nuances verdâtres, au goût pharmaceutique prononcé, qui agrémente nos grogs hivernaux ; leurs fruits éloignent les insectes et constituent ainsi un repoussoir efficace contre la malaria africaine ; leur bois fournit une bonne partie de l’industrie de la pâte à papier, car l’eucalyptus présente une croissance rapide. Très rapide, même, voire envahissante : on pourrait bientôt l’accuser d’être un fléau pour la biodiversité, car il étouffe les autres espèces et appauvrit méchamment les sols, comme commencent à l’observer les pays méditerranéens qui se sont imprudemment lancés dans les plantations industrielles. Leurs racines, enfin, sont pleines de ressources : elles présentent des renflements qui stockent de grosses réserves d’amidon, permettant ainsi la repousse même si toute la partie aérienne de l’arbre a été détruite. Indestructible, l’eucalyptus, et terriblement colonisateur. Un peu comme l’espèce humaine.

Voici que des chercheurs australiens ont découvert une autre vertu aux racines d’eucalyptus. Susceptible de révolutionner les pratiques de la prospection… minière. Figurez-vous que cet arbre aurait la faculté d’extraire l’or du sol et de le répandre dans son feuillage sous forme de minuscules particules. Le phénomène est d’autant plus bluffant qu’il remet en cause la connaissance acquise, selon laquelle l’or serait un métal inoxydable. Or, pour qu’un tel processus biochimique se produise, il faut nécessairement passer par l’oxydation des atomes de métal précieux. Magique. Voilà en tout cas qui promet un nouvel avenir aux plantations d’eucalyptus, qui pourraient devenir pour les chercheurs d’or ce que le cochon-truffier est aux prospecteurs périgourdins. Cette nouvelle approche vient par ailleurs de trouver une déclinaison opportune dans le milieu universitaire. Le ministère concerné projette de créer un statut d’« étudiant-entrepreneur », destiné à passer au tamis de la prospection les pépites entrepreneuriales que recèlent les sédiments estudiantins. Enfin, plutôt que de pépites, il faudrait parler de nanoparticules : à ce jour, à peine plus de 2% des jeunes diplômés créent leur propre entreprise. Autant dire que le filon est plutôt pauvre. On se demande bien pourquoi.

La recette du jour

Napoléons par la racine

Vous avez compris que la voie la plus sympathique de la prospérité est celle qui permet de s’enrichir en dormant. En foi de quoi avez-vous planté des chênes-truffiers dans votre propriété. L’ennui, c’est qu’il faut être très patient. Plantez plutôt des eucalyptus à la lisière du jardin du voisin. Vous repèrerez rapidement l’endroit où il a enterré sa cassette de napoléons

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