G.W. Bush, l'artiste

G.W. Bush, l’artiste

Que font les éminents personnages politiques au terme de leur mandat ? S’ils ont atteint l’âge requis pour la perception de la retraite, un ancien Président et un ex-Premier ministre peuvent, chez nous, se consacrer à leurs rosiers : avec les pensions résultant de leurs divers mandats, et les quelques avantages en nature que la République reconnaissante leur accorde, ils ne sont pas exposés à la disette. Rares sont ceux, toutefois, qui peuvent renoncer brutalement aux délices de la vie publique. Pas nécessairement pour des motivations économiques ; mais disparaître du paysage quand on a monopolisé le devant de la scène, c’est aussi douloureux pour un élu que pour un comédien ou un chanteur de charme. Tous sont accros aux feux de la rampe. Mais avant d’obtenir le bénéfice des pensions, une ancienne éminence ne peut raisonnablement rétrograder à un statut inférieur : un ancien Président redevenant député ou sénateur, ce n’est pas envisageable.

La mode anglo-saxonne s’est apparemment propagée au reste du monde. Américains et Anglais ont l’habitude, au terme du mandat le plus prestigieux, de négocier leurs mémoires à prix d’or, donner des conférences insipides à des tarifs de Pythie de Delphes, ou rentabiliser leur carnet d’adresses en devenant « consultant » international. Quelquefois au bénéfice d’Etats qui entretiennent des relations tendues avec leur propre pays. C’est à la fois attentatoire au sacro-saint devoir de réserve et extrêmement vulgaire. Mais bon : personne aujourd’hui ne fait plus de différence entre le lobbying et la corruption. Dans ce paysage s’inscrit le portrait controversé de George W. Bush. Peu après la fin de son deuxième mandat de Président, il publiait ses Mémoires dans le style café du Commerce. L’oeuvre connut un insuccès mérité. Et il renonça assez vite à ses conférences, plus navrantes encore que ses allocutions présidentielles, qui finirent par épuiser la bienveillance de ses généreux mécènes. Heureusement, G.W. Bush a trouvé sa vocation au cours de sa paisible retraite : il est devenu artiste. Non, ce n’est pas le macramé, mais la peinture : son professeur est parvenu à dévoiler « le Rembrandt qui se cachait dans [son] corps ». Lors de la première exposition l’année dernière, son « Autoportrait à la douche » a fait sensation. Dans le milieu de la critique, s’entend. Pas seulement auprès des plombiers de la NSA. Chapeau, George !

La recette du jour

Reconversion

Vous avez exercé de nombreux mandats politiques avec une incurie remarquée. Devenu retraité, ne vous ridiculisez pas davantage en griffonnant des haïkus ou en barbouillant des toiles : si vous étiez un artiste, on l’aurait découvert depuis longtemps.

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