Gare au Fusarium chinensi

Gare au Fusarium chinensis

Cochonnerie de fusariose. Cette maladie des végétaux est redoutée par les producteurs de blé et de maïs ; mais elle n’épargne pas le jardinier amateur en s’attaquant à la pomme de terre, à la tomate, au melon ou au basilic. Ainsi qu’au gazon, dans lequel elle fait apparaître une constellation de tâches circulaires où l’herbe dépérit. Beurk. C’est un champignon de la famille des Fusarium qui en est responsable. Voilà maintenant que le Fusarium oxysporum menace de décimer la population mondiale des… bananiers. Déjà, dans les années 1940, la fusariose avait laminé le cultivar « Gros Michel » en Amérique latine et dans les Caraïbes, lequel produisait des bananes autrement plus savoureuses, paraît-il, que celles que nous connaissons aujourd’hui. D’où qu’elles proviennent, les bananes des étals contemporains sont toutes, ou presque, issues du « Cavendish », un sous-groupe qui avait résisté à la maladie. Mais voilà qu’une souche de Fusarium ultra coriace est parvenue à attaquer ces bananiers ; elle se propage sur tous les continents de culture et le champignon se révèle, à ce jour, totalement indestructible. Au point de constituer une menace pour de nombreux peuples, pour lesquels la banane est la base de l’alimentation. Et de déstabiliser les multinationales spécialisées, qui se sont illustrées dans le passé par leurs pratiques mafieuses, pour le contrôle de la « banane-dollar ». En tout cas, le phénomène illustre les risques considérables que l’on prend à renoncer à la diversité des espèces végétales.

La planète économique est, elle aussi, exposée à une forme de fusariose, provoquée par un champignon extrêmement invasif : la dette. L’ingénierie, en la matière, est plus imaginative que la Nature, et a permis l’apparition de souches redoutablement destructrices. Mais même dans sa forme la plus simple, ce champignon a un potentiel dévastateur. Comme la souche chinoise – Fusarium chinensis. Elle s’est répandue dans l’Empire du Milieu, faute, pour les autorités, d’avoir pris les mesures prophylactiques appropriées. Il en résulte des containers entiers de dettes pourries : les créanciers ont prêté sans discernement aux entreprises, vu que ces dernières étaient, pour la plupart, contrôlées directement ou indirectement par le gouvernement. Lequel a, jusqu’à maintenant, mis la main à la poche du Trésor pour régler les sinistres. Mais l’ardoise potentielle est telle que la générosité étatique pourrait se tarir. On saura aujourd’hui ce qui va advenir de l’entreprise chinoise Chaori (Bourse de Shenzen), un fabricant de panneaux solaires qui a indiqué récemment ne pas être en mesure de payer les intérêts des obligations qu’il a émises. Les investisseurs se veulent confiants : ils prétendent qu’un défaut serait « rassurant », car il permettrait « d’assainir le marché ». On croise les doigts pour qu’ils aient raison : le total des créances exposées dans le pays représenterait environ 900 milliards de dollars. Soit un montant équivalent à celui des « subprime », avant le déclenchement de la crise…

La recette du jour

Les risques du champignon

Vous appréciez les bananes flambées. Profitez-en largement, avant que le Fusarium oxysporum ne rende votre dessert favori hors de prix. Vous appréciez les placements à haut rendement. Renoncez aux créances chinoises, avant que le Fusarium chinensis ne vienne laminer vos économies.

deconnecte