Islande : les dessous du

Islande : les dessous du volcan

Cabochards, ces Nordiques. Le deuxième referendum islandais sur la même question a finalement produit le même verdict : non, les autochtones ne veulent pas éponger l’ardoise de la faillite d’Icesave, cette banque en ligne qui offrait des rémunérations alléchantes à ses déposants. Grâce à la magie des dérivés de crédit et à la spéculation sur les changes, ces sports de l’extrême qui ont décimé quantité d’alchimistes de la finance. Si Icesave s’était contentée de ruiner les seuls Islandais, l’information aurait à peine transpiré hors les frontières du pays. Seulement voilà : la banque avait réussi à séduire quelque 350.000 clients britanniques et bataves. Soit plus d’étrangers que le pays ne compte d’habitants. Et beaucoup plus d’argent que n’en pouvait mobiliser le fonds de garantie bancaire islandais. En supposant que l’intervention du fonds fût légale, légitime et morale. Pas évident…

Car l’affaire est singulièrement plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Les gouvernements anglais et hollandais ont déjà indemnisé leurs ressortissants sur la base de leur propre réglementation (intégralement pour Londres, à hauteur de 100.000 euros par compte pour La Haye). Une hâte surprenante et un zèle suspect. Mais à Reykjavik, la garantie n’est que de 20.000 euros environ par compte. Et au bénéfice des seuls résidents. Sauf si les conventions de l’UE doivent s’appliquer (minimum de 50.000 euros, sans discrimination) : certes, l’Islande ne fait pas partie de l’Union, mais elle a adhéré à l’European Economic Area (EEA). Ce qui lui impose les normes prévues par la fameuse directive 94/19. Dont l’interprétation se révèle toutefois porteuse de chicanes volcaniques… Bref, un sulfureux nid d’embrouilles. Dans la douleur et sous la pression des créanciers, les parlementaires islandais s’étaient résolus à purger le différend, en acceptant un compromis – (très) coûteux à l’échelle du pays. Ils ont été déjugés deux fois par leurs électeurs, ce qui pose un nouveau problème, et de taille : le verdict référendaire entre en collision avec une décision de l’assemblée législative, et se heurte (probablement) aux principes du droit international. Les huiles du FMI, de la Commission ou de la BCE adoptent un ton patelin pour nous assurer que l’affaire va s’arranger. C’est-à-dire que l’Islande va payer, quoi qu’en dise une population qui croit pouvoir apostasier le droit sacré des créanciers au nom des valeurs subalternes de la démocratie. De grands enfants, n’est-ce pas ? Les Islandais vont peut-être se laisser intimider. Ou peut-être pas. Mais les juristes vont pouvoir épiloguer à l’envi sur la hiérarchie des normes. Histoire de rassurer tous les gouvernements de la planète…

La recette du jour

Effronterie à l’islandaise

Vous estimez que les élus gèrent votre pays comme un claque de quartier. Ce n’est pas nécessairement faux. Exigez un referendum qui prive l’exécutif des ressources de l’impôt tant que les comptes nationaux ne seront pas assainis : votre avis deviendra majoritaire. Migrez alors en Islande pour voir ce qu’il advient quand le ciel vous tombe sur la tête.

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