L'épreuve du CV

L’épreuve du CV

Puisque la saison du BAC va commencer, profitons-en pour affûter notre compréhension de l’économie avec cette question : existe-t-il une corrélation entre l’endettement d’un pays et son taux de chômage ? Ce serait rassurant d’observer que le plein emploi a pour contrepartie une dette nationale élevée, conférant à cette dernière un air de vertu sociale. En Europe, hélas, il semblerait au contraire que le chômage soit très souvent proportionnel à la dette, et qu’il soit d’autant moins compressible que le pays s’esquinte la santé, sans succès, à tenter de rembourser (contraint et forcé). Voilà donc une piste de réflexion intéressante, à peine ébauchée jusqu’à ce jour, pour permettre à l’économie de l’offre de produire les résultats que le monde entier en attend : annuler une bonne partie des dettes souveraines. « Mettre en faillite » les Etats décavés, comme l’a suggéré récemment l’excellente économiste qui vient d’être recrutée pour conseiller l’Elysée en matière financière. En foi de quoi l’aile gauche du parti dominant a sans doute tort de déplorer que le Président soit désormais conseillé par une libérale authentique, au prétexte qu’elle a suivi l’essentiel de sa brillante carrière au sein de la grande banque internationale. Ce serait un pied-de-nez à l’Histoire si la France, sous la législature présente, devenait le catalyseur d’une gigantesque « destruction créatrice  » à la mode schumpetérienne.

Mais il existe au moins un contre-exemple de taille à la relation entre dette et chômage : le Japon. Champion toutes catégories de l’endettement public (plus de 230% du PIB), avec des déficits budgétaires supersoniques, l’Archipel nippon affiche un taux de chômage rikiki (3,6% de la population active). Au point que le recrutement de salariés devient une véritable épreuve pour les entreprises. Certes, le taux de fécondité (1,3 enfant par femme) n’arrange pas les choses, d’autant que les jeunes Japonais ne sont plus tentés par le mariage et préfèrent les jeux vidéo au jeu de la bête à deux dos. De toutes façons, la culture locale interdit formellement de faire naître des enfants hors mariage. Et le taux de chômage serait encore plus faible si le mode de recrutement n’était aussi sévèrement codifié. Car le CV, appelé risikisho, doit contenir le cursus complet du candidat depuis l’école maternelle, la liste intégrale des employeurs successifs soigneusement documentée, assortie des motifs précis de départ, le tout complété de détails sur leur vie que les intéressés ne connaissent pas toujours eux-mêmes. Une épreuve bien plus ardue que notre baccalauréat. Les entreprises françaises n’ont pas le même problème : pour chaque offre d’emploi, elles reçoivent des containers de CV, dont la plupart sont sans rapport avec le poste, ou grossièrement mensongers, ou torchés comme des brouillons de comptoir, ou rédigés en langue phonétique – voire tout à la fois. Heureusement, les statistiques sont formelles : si la culture des Français est en forte baisse, leur libido se maintient au top niveau.

La recette du jour

Cévéiste : un métier d’avenir

Vous êtes bardé de diplômes et vous ne parvenez pas à décrocher un poste qui vous convienne. Renoncez à crapahuter et créez votre propre métier : rédacteur de CV. Le marché est énorme et ne sera pas saturé de sitôt. Dès que possible, installez une filiale au Japon : vous y ferez fortune et vous y trouverez conjoint à votre gré (la concurrence est inexistante).

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