La Bourse et les perroque

La Bourse et les perroquets

En politique comme en économie, ce sont généralement les hypothèses les plus désagréables qui se réalisent : telle est à peu près la définition de la « loi du maximum de vexation », une version parodique de la « main invisible » d’Adam Smith – celle qui promet un happy end contre toute raison. En d’autres termes, la tartine tombe toujours du côté de la confiture, ce que n’importe quel physicien en herbe est capable de démontrer. Il semble bien que les lois de la gravitation économique, qui étaient en grève depuis l’année dernière, aient repris soudainement du service. En propulsant les indices boursiers vers le plancher des vaches. Hier, l’Europe continuait de faire grise mine, après un mois de janvier tristounet. Dans la foulée, les places américaines accentuaient la dérive, au moment où la FED intronisait sa nouvelle patronne : ce n’est pas très sympa, de la part de Wall Street, d’accueillir Mamie Janet sous un déluge de ventes. Et ce matin, l’Asie en rajoute une grosse louche, que ce soit à Tokyo ou à Hongkong – Shanghai échappe à la purge, encore fermée pour cause de festivités du Nouvel An chinois.

On s’en doute, la journée boursière va débuter dans la fébrilité sur le Vieux continent. D’abord, parce que les indices ont tutoyé des seuils que les chartistes jugent inquiétants : en dessous de ces « planchers » de soutien, la baisse peut devenir violente. Ensuite parce que les statistiques sont venues doucher les espérances de croissance : tant aux Etats-Unis qu’en Chine, l’activité se révèle plus mollassonne qu’espéré. Enfin, parce que les bidouillages incessants des politiques monétaires finissent par provoquer de méchants dommages collatéraux – en témoigne la dégringolade de nombreuses devises émergentes, qui va laisser de grosses pertes dans les livres des adeptes du carry trade. Et pourrait déclencher une réaction en chaîne, quand les perdants doivent récupérer du cash pour couvrir leurs positions hasardeuses. L’enchaînement des événements, depuis le début de la crise en cours, nous fait songer à Jaco et Lori, ce conte très voltairien de Jacques Bainville, qui met en scène deux perroquets. Lesquels racontent le siècle écoulé (de la Monarchie de Juillet à 1914), en ponctuant leurs observations de ce leitmotiv récurrent : « ça finira mal ! ». Il semblerait bien que les perroquets de Bainville aient regagné leur perchoir…

La citation du jour

« Les optimistes croient que nous vivons dans le meilleur des mondes possible. Les pessimistes craignent que cela soit vrai  ». James Branch Cabell

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