Le BHV rénové

Le BHV rénové

Voilà donc pourquoi hier, à l’aéroport de Nice, on a croisé Albert II, la mèche en bataille, les lacets défaits, une manche de chemise dépassant de son bagage : une urgence impérieuse l’obligeait à regagner Bruxelles avant les premiers frimas. Figurez-vous que contre toute attente, les factions politiques belges sont en voie de parvenir à constituer un gouvernement légal. Une vélocité qui justifie la royale précipitation : les dernières élections législatives ne datent que de juin. Juin 2010, s’entend. Sa Majesté pouvait donc légitimement ambitionner de profiter de la douceur légendaire de l’arrière-saison sur la Riviera. Eh bien, c’est raté : les affaires du Royaume ne sauraient souffrir d’aucun retard. Surtout s’il est question de dégager un consensus entre les huit partis politiques concernés. Un véritable exploit pour ce peuple passionné par la bagarre : comme l’a noté le grand historien Goscinny, César avait déjà observé que « de tous les peuples de la Gaule, ce sont les Belges les plus braves ». Mais le grand Jules avait pudiquement omis de préciser qu’ils sont aussi les plus doués pour la bisbille.

Car les motifs de discorde relèvent de la querelle byzantine, dont les finasseries sont incompréhensibles aux étrangers. Aux autochtones également, du reste, qui conspuent les atermoiements de leurs représentants mais les somment de ne rien abandonner aux adversaires. Le désaccord historique concerne le BHV, un vrai bazar, assurément, mais qui n’a rien d’un magasin : c’est le district de Bruxelles-Hal-Vilvorde, une circonscription électorale dotée d’un statut particulier. Car elle regroupe des communes majoritairement francophones appartenant à la région de Bruxelles, et des communes principalement flamandes relevant de la province du Brabant. Les francophones sont accusés d’avoir sédimentés des avantages substantiels par rapport à leurs concitoyens flamingants, ces derniers étant tentés par la revendication de leur indépendance. Ce que les Wallons refusent, car la Flandre concentre une bonne partie du business. Une question de gros sous, en somme. Pour des raisons obscures que même La guerre des Gaules n’explique pas, les deux communautés linguistiques s’écharpent depuis des temps immémoriaux. Mais elles pourraient enfin s’entendre sur un dépiautage chirurgical de BHV. Une métaphore en modèle réduit de la méchante brouille qui affecte la famille européenne, qui aimerait bien mettre au pas ses vilains petits canards sans être obligée de les renier. Si les Belges parviennent à faire la paix, tous les espoirs sont permis pour la Communauté…

La recette du jour

Politique familiale à la Belge

Votre famille n’a jamais été très unie et vous êtes accoutumé au waterzooï à la grimace. Mais les pièces rapportées vous exaspèrent par leur propension à jeter l’argent par les fenêtres. Soyez pragmatique : accordez en pleine propriété un morceau du patrimoine aux cigales. Et laissez-les chanter en liberté. Quand elles reviendront charmer votre portefeuille, avouez que vous n’aimez pas la musique.

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