Le Français nul en finance

Le Français nul en finance

Eh bien, l’affaire est entendue : les Français deviennent des cancres. En dépit des résultats, jugés prometteurs, au questionnaire proposé en 2012, et supposé mesurer le niveau de « culture générale » de nos concitoyens. Avec ce type de questions : « Qui a joué l’héroïne dans Titanic ? » ou « Quelle est la signification du mot PACS ? » On le voit, il s’agit là de mesurer la connaissance à l’aune de la culture Trivial Pursuit, celle qui caractérise les singes savants. Pour ce qui est des facultés de raisonnement, donc des dispositions à l’analyse, les résultats sont plus mitigés. Et même, avouons-le, franchement pitoyables. En témoigne cette étude réalisée sur le niveau de culture financière des Européens. Allemands et Suisses se révèlent plutôt doués en la matière, ce qui n’étonnera personne. En revanche, les commentateurs notent l’ignorance crasse des Français. Lesquels, dans une proportion extravagante, ne comprennent pas que leur épargne perd du pouvoir d’achat si son rendement est inférieur au taux d’inflation. A leur décharge, il faut admettre qu’il y a matière à être dérouté : ils ont le sentiment de payer de plus en plus cher le panier de la ménagère, alors que les statistiques officielles affirment que les prix restent quasiment stables.

Mais le plus cocasse dans cette affaire d’inculture financière, c’est la narration qu’en fait la presse spécialisée. On note ainsi dans le journal Les Echos, pourtant réputé pour son sérieux, que les Suédois « ne comprennent rien à la notion d’intérêt » - et les Français pas grand chose de plus. Le journaliste affirme que seule une minorité d’entre eux parvient à comprendre que placer 100 euros pendant cinq ans, à 2% par an, permet d’obtenir une somme « supérieure à 102 euros ». Grâce au Ciel, ni les Suédois ni les Français ne sont aussi benêts. Ce n’est pas la notion d’intérêt qu’ils ne comprennent pas (encore que ce serait pardonnable : le concept fait l’objet de débats passionnés parmi les spécialistes). La notion en cause, c’est celle d’intérêt composé. Et la question réellement posée dans l’étude est : placée à 2% par an, une somme de 100 euros est-elle égale à 110 euros au bout de cinq ans, inférieure ou bien supérieure à ce montant ? On ne voudrait pas médire, mais ce n’est guère étonnant si les Français sont aussi médiocres dans leurs réponses sur la finance : il y a des journalistes spécialisés qui ne comprennent même pas la question…

La recette du jour

Quiz financier

Vous êtes testé sur votre culture financière : 100 euros à 2% donnent-ils plus ou moins de 110 euros au bout de cinq ans ? La bonne réponse est : beaucoup moins, après ponction de l’impôt et des prélèvements sociaux. Encore heureux si votre banque n’a pas fait faillite d’ici là, et qu’elle vous rend intact votre capital.

deconnecte