Le succès épidémique

Le succès épidémique

Avec l’affaire Snowden, c’est l’économie numérique américaine tout entière qui mouille ses braies. Les Google, Yahoo, Microsoft, Facebook et autres réseaux ont été convaincus de coopération active avec la NSA, bien qu’ayant protesté de leur intégrité et de leur bonne foi. Si bien que de nombreux pays songent maintenant à s’affranchir des autoroutes numériques yankees, de leurs transports en commun et de leurs aires de stationnement – d’aucuns envisageant même de poser leurs propres câbles sous-marins, pour échapper à l’espionnite systématique de l’Oncle Sam. La guerre du Net en gestation pourrait, certes, susciter de nouvelles avancées technologiques. Mais elle pourrait aussi déstabiliser la Silicon Valley, ses stars hégémoniques et sa flopée de jeunes pousses, qui profitent des énormes subventions gouvernementales, déguisées en « contrats de services », en échange de leur collaboration patriotique. Consistant à renier leur engagement à préserver la confidentialité des informations délivrées par leurs clients.

Pour ajouter une touche de stress aux angoisses du moment, voilà que des chercheurs de Princeton viennent de publier une étude prospective sur Facebook. En se fondant sur les statistiques d’utilisation, comparées à celles du réseau Myspace – qui connut une ascension et un déclin aussi spectaculaires l’une que l’autre-, les jeunes doctorants ont établi que le développement de Facebook suivait la même progression qu’une… épidémie. Au sens propre, s’entend, bien que le sens figuré soit également recevable. Il en résulte, graphiques à l’appui, que le réseau pourrait fondre de 20% de sa taille maximale d’ici la fin de l’année, et perdre 80% de ses utilisateurs entre 2015 et 2017. Les auteurs de la thèse sont étudiants en ingénierie aérospatiale, une discipline assez éloignée de l’épidémiologie et des réseaux sociaux ; mais cela ne disqualifie pas pour autant leurs conclusions. De fait, on se rend compte que le phénomène du succès suit de plus en plus souvent le modèle d’une épidémie. Voyez par exemple le cas Justin Bieber. Voilà peu, le billettiste ignorait l’existence de ce jeune chanteur, doté d’un joli minois, d’une voix androgyne et d’une coiffure en cœur d’artichaut posée sur un crâne écervelé. Eh bien, la notoriété de Justin atteint désormais le zénith : il tente de se rendre suffisamment odieux pour mériter la prison à chaque instant de sa vie. Ce n’est pas malin de sa part : la concurrence est sévère sur le segment des bad boys. Il s’expose à disparaître du paysage aussi vite qu’une épidémie de peste ou de choléra.

La recette du jour

Education anti-Justin

Vos enfants adolescents sont fans de Justin Bieber et de jacasseries niaises sur Facebook. Ne paniquez pas : ça leur passera, comme une épidémie de tourista. En attendant, planquez votre réserve de cannabis et les clefs de votre Lamborghini. Au cas où vos mouflets voudraient imiter Justin dans ce qu’il réussit le mieux : faire l’andouille.

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