Le testament de Mad (...)

Le testament de Mad Max

Mille excuses : on a dû négliger l’actualité d’hier, tout occupé que l’on était à enchérir sous le marteau de Sotheby’s, qui dispersait quelques précieux manuscrits de Maximilien Robespierre – lettres, réflexions et brouillons de discours – dont une partie était conservée par la famille Lebas, héritière de Joseph Le Bas, ce député montagnard, membre du Comité de sûreté générale et Commissaire de la Convention aux armées avec Saint-Just, qui fut un pote très proche de Maximilien. Joseph se suicida après le désaveu de Robespierre et de ses amis par la Convention (9 Thermidor, 27 juillet 1794), en conformité avec la « loi des suspects » du 22 Prairial qui autorisait la condamnation sans recours aux procédures ordinaires du procès. Sous La Terreur, la suspicion suffisait à vous envoyer tout droit à la guillotine : tel fut le sort de Robespierre le 10 Thermidor, victime de la loi qu’il avait lui-même votée. Voilà ce qu’il en coûte, Max, de jouer avec les allumettes. En tout cas, on était satisfait, hier, de n’avoir dépensé que 979.400 euros pour acquérir les lots proposés. Et voilà que les Archives de France ont exercé leur droit de préemption, mettant fin à un intolérable suspense qui a agité le Tout-Paris : les historiens robespierristes (par affinité de boyaux rouges) craignaient que les chères reliques ne s’exilassent dans le fonds documentaire d’une quelconque université américaine – pendant que le dollar vaut encore un peu d’argent, les Yankees raflent toutes les matières premières disponibles. Jusqu’aux candidats présumés à la présidence de la République.

Il faudra donc patienter un peu avant de pouvoir nous repaître des pensées ultimes du Mad Max de la Révolution, au moment où les complotistes de la Convention décidaient de lui faire la peau. Et surtout vont nous manquer ses considérations sur la vertu et le bonheur, dans une lettre qui échappa miraculeusement à la fureur haineuse de Courtois – Président de la Commission chargée d’éplucher les documents saisis chez Robespierre, qui n’hésita pas à détruire tous ceux qui ne constituaient pas une preuve manifeste de sa « culpabilité ». Aussi doit-on en déduire que le bonheur révolutionnaire s’accommodait sans peine de la vertu purificatrice de la guillotine, ce qui ajoute une touche émouvante de romantisme barbare à l’aura de nos glorieux ancêtres. Et nous ramène à l’actualité : dans un autre grand pays, lui aussi bâti sur des fondations révolutionnaires, faudra-t-il attendre deux siècles avant que ne soit accessible le contenu magnétique du « pass » de cette célèbre chambrière new-yorkaise, victime présumée d’un attentat qui devrait être à la Troisième guerre mondiale ce que Sarajevo fut à la Première. La Troisième guerre, c’est le conflit entre la vertu immémoriale à l’américaine et le bonheur fugace à la française. En somme, la guerre des boutons (de caleçon).

La recette du jour

Psychanalyse à la guillotine

Vous êtes excédé par l’ingénuité de vos contemporains et leur propension invétérée à la gaudriole. Deux solutions. La première : entamez une psychanalyse. Mais c’est long et barbant. La deuxième : imposez la vertu par la terreur et sanctionnez les contrevenants par la guillotine. Au nom de ces mêmes valeurs, les rescapés vous feront la peau. Vous serez enfin délivré de vos obsessions.

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