Législature, deuxième (...)

Législature, deuxième acte

Un discours de politique générale, c’est une sorte de programme électoral sans scrutin à la clef. Sauf celui de l’Assemblée nationale, bien entendu. Lequel se révèle nécessairement conforme à la composition majoritaire, pour peu qu’aucune de ses factions ne se sente insultée par le Premier ministre. Les engagements du nouveau gouvernement auront satisfait, avec une émotion palpable, toutes les tendances : un supplément de pouvoir d’achat pour les moins favorisés, un allègement des charges pour les entreprises, des objectifs énergétiques conformes aux aspirations des Verts. Le tout ayant pour objectif louable de stimuler le marché de l’emploi et de ne pas fragiliser la tendance frémissante au retour de la croissance. Avec pour corollaire un zeste de distance crâneuse à l’égard de Bruxelles et de la BCE. Sur la question de la discipline budgétaire, dont il faudra de nouveau négocier le tempo avec la Commission ; sur la parité externe de l’euro, pour laquelle les gouvernements n’ont statutairement pas de prise. Des conflits de compétence en perspective.

Si l’architecture de ces ambitions est défendable, elle revient quand même à édifier une villa palatine sur des sables mouvants. La partie émergée, c’est celle du taux des prélèvements obligatoires (aujourd’hui supérieurs à 46% du PIB), qu’une telle politique entend abaisser : une stratégie conforme à la théorie libérale, pour fluidifier l’économie et doper l’activité. Mais les fondations sont constituées par la dépense publique (aujourd’hui, 57% du PIB), qui constitue le véritable indicateur des prélèvements présents et… à venir. Le volet des économies budgétaires a certes été évoqué mais renvoyé à plus tard. Si bien que pour tenir un cap raisonnablement « rigoureux », il faudra ajouter le montant des nouveaux allègements aux fameux « 50 milliards » de réduction de dépenses déjà promis pour respecter, peu ou prou, nos promesses à l’égard de Bruxelles. Sans vouloir faire preuve d’un excès de scepticisme, l’exercice paraît délicat, sauf à massacrer les ménages de nouveaux impôts. Si bien que l’on peut se demander si notre pays ne devrait pas, comme l’Est ukrainien, Venise ou la Catalogne, ferrailler en faveur de son indépendance. Mais convenons qu’à la veille des élections européennes, une telle question relève de l’hérésie et mérite le bûcher. Voilà pourquoi, par prudence, on ne la posera pas.

La recette du jour

La quadrature du cercle budgétaire

Vous êtes depuis toujours passionné par le problème de la quadrature du cercle. Vous pouvez vous creuser les méninges jusqu’à votre trépas : vous ne trouverez pas de démonstration. Mieux vaut vous faire nommer Premier ministre : vous pourrez proposer une solution qui restera crédible jusqu’à ce qu’elle échoue lamentablement.

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