Les délices d'Eurostat

Les délices d’Eurostat

Voilà une journée prometteuse pour le moral du citoyen européen. Pas à cause de la météo : c’est partout un temps d’hiver. Sauf à Londres, où il pleut exactement comme à n’importe quelle autre saison. La bonne nouvelle du jour, c’est le communiqué de presse d’Eurostat : « La dette publique de la zone euro en baisse à 92,7% du PIB ». Il y a donc moins de dette sur le dos du pékin de la zone euro. Enfin, plus exactement, il y avait moins de dette : le phénomène concerne seulement le passage éphémère du deuxième au troisième trimestre de l’année dernière. Un moment magique, comme la trace d’une comète, où la conjonction opportune de facteurs produit un résultat hautement imprévisible – et bien entendu non durable. Il s’est trouvé, voyez-vous, qu’en T3 de 2013, certains Etats de l’Union ont bidouillé au même moment quelques opérations en capital – en d’autres termes, ils ont vendu une partie du peu qu’il leur reste de biens propres.

Rassurez-vous : le recul de la dette – en termes absolus – ne se reproduira pas avant un bon moment. Sauf si, par exemple, la France décidait de vendre le musée du Louvre et la Tour Eiffel pour se désendetter. Autant d’hypothèses qu’il ne faut pas négliger : lorsque vous avez la Troïka sur le dos, mieux vaut se préparer aux sacrifices les plus extravagants. Car il faut se rendre à l’évidence de cette réalité comptable : tant que les Etats-membres afficheront un déficit budgétaire, la dette publique sera condamnée à croître en termes absolus. Voilà qui rend totalement fantasmagorique, chez nous, la promesse pouet pouet d’abaisser l’impôt dès 2015. En revanche, les statistiques communautaires pourraient prochainement apporter l’illusion d’une meilleure santé. Grâce à la diminution de l’endettement relatif, c’est-dire le rapport du stock de dettes au PIB. Il suffirait que ce dernier croisse plus que proportionnellement aux emprunts pour que la situation s’améliore sur le papier. Comment faire ? La croissance, bien sûr, mais personne ne sait apparemment comment la muscler. Reste donc l’inflation, que toutes les banques centrales de la planète cherchent à stimuler. Sans autre résultat tangible que de provoquer une bulle des actifs financiers. Ainsi donc, plus les dettes sont abondantes, plus elles valent cher : on dirait qu’il y a comme un bug dans la loi de l’offre et de la demande

La maxime du jour

« Qui paie ses dettes s’enrichit » dit l’adage. Ce n’est pas vrai. Qui paie ses dettes enrichit ses créanciers. La preuve par la réciproque : quand les débiteurs cessent de payer leurs dettes, ce sont les créanciers qui dégustent.

deconnecte