Politique et bonne (...)

Politique et bonne foi

Ce n’est pas la bonne foi qui caractérise le mieux le monde politique, convenons-en. Pas davantage celui de la grande presse, qui confond souvent information et propagande, par choix délibéré ou sous la contrainte acceptée. Surtout quand il est question de conflits entre Etats. La situation en Ukraine a singulièrement érodé l’esprit critique des commentateurs, appelés en renfort d’opinion vertueuse contre le démoniaque Poutine, qui attente à la souveraineté et à la démocratie ukrainiennes. Quelques exemples édifiants ici ou . Les mêmes commentateurs ont applaudi des deux mains lorsque des pays étrangers sont venus attiser les désordres de la rue à Kiev, après avoir financé et armé des groupuscules que l’on nomme ordinairement « terroristes », lesquels ont provoqué ce que l’on nomme ordinairement un « coup d’Etat ». Le nouveau gouvernement a été adoubé par le bloc occidental « du Bien », alors que nombre de ses membres véhiculent une idéologie qui leur vaudrait la geôle sous nos contrées. Du reste, le premier acte législatif du nouveau pouvoir a été d’abroger l’usage du russe comme langue officielle, ce qui témoigne de son affection renforcée à l’égard des Russophones. Lesquels ont compris le message révolutionnaire et migrent en masse vers la Russie : c’est le premier conflit de l’Histoire où la population attaquée se réfugie… chez son agresseur. Il n’est pas douteux que l’occupation d’une partie du territoire par Moscou soit contraire au droit et aux traités. Mais faire fi de ses enjeux stratégiques et économiques, oublier la provocation du coup d’Etat et négliger les obligations morales de Moscou à l’égard de ses nombreux ressortissants, c’est réduire singulièrement une situation complexe. Ou simplement adopter le point de vue tragiquement réducteur du président Obama, qui accuse la Russie d’être « du mauvais côté de l’Histoire ». Pour l’Amérique, le bon côté de l’Histoire, ce sont les journaux de la veille.

La saga glorieuse des Etats-Unis s’est bâtie sur l’éradication glorieuse des populations autochtones, qui pour leur malheur se trouvaient du mauvais côté de l’Histoire. Il est dangereux de réveiller de vieilles rancœurs que le temps promettait d’enfouir sous les sédiments du souvenir. Les Américains devraient le savoir, eux qui viennent de faire remonter en Alaska d’antiques virus que nos organismes ne savent plus combattre. Une épidémie serait plus difficile à combattre que les cygnes muets, qui furent autrefois introduits dans l’Etat de New York pour le plaisir esthétique des résidents. Relevant d’une espèce protégée, ce cygne est désormais réputé invasif. Il sera donc traqué jusqu’à sa complète éradication. L’Oncle Sam ne plaisante pas avec les immigrés. Surtout s’ils viennent d’Europe.

La recette du jour

Information par répétition

Si vous voulez que l’on croie à vos mensonges, relisez Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley : « Soixante-deux mille quatre-cents répétitions font une vérité ».

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