Politique : les méfaits

Politique : les méfaits du popcorn

On se disait bien qu’il devait y avoir une raison au climat de confusion qui règne un peu partout sur la planète. Une raison aux revirements incessants qui caractérisent les discussions, les négociations, les médiations et les protocoles qui font l’actualité quotidienne du monde. Rarement dans l’Histoire aura-t-on autant discuté et discutaillé, en public ou en secret, entre Etats ou entre factions du même Etat, voire entre factions de la même faction. Pour n’aboutir à rien, ou pour arrêter des conventions que les parties semblent avoir oubliées dès le lendemain. A quoi faut-il imputer cette surdité collective dans les transactions, ou cette amnésie généralisée après chaque pow-wow au sommet ? Eh bien non : le réchauffement climatique n’y est pour rien, en dépit des efforts désespérés du Giec pour accréditer cette thèse. Mais grâce aux chercheurs de l’Université de Cologne, on connaît désormais le responsable de la chienlit : c’est le popcorn.

Figurez-vous que c’est pendant la Grande Dépression qu’a été contractée, aux Etats-Unis, l’habitude détestable de boulotter cette cochonnerie de maïs éclaté pendant les séances de cinéma. Il faut sans doute imputer cette manie à la dureté des temps : avec un kilo de graines, vous produisez un container de popcorn qui peut caler une foule d’estomacs affamés. Sacrément avantageux. Mais depuis lors, la pratique s’est généralisée et le Yankee s’empiffre de popcorn à la faveur de n’importe quel spectacle : devant la télé, en réunion familiale ou amicale, au zoo, en Conseil des ministres ou lors des séances du Congrès. Seulement voilà : selon les chercheurs allemands, le grignotage de popcorn est une activité exclusive de toute autre. Pendant que vous mâchouillez la chose, vous perdez toute faculté de concentration. Ecouter ou popcorner, il faut choisir. Il est désormais démontré que le popcornophile ne se souvient même pas de la pub qu’il a visionnée pendant qu’il s’adonnait à son péché mignon. C’est dire la puissance de cet inhibiteur des sens. Remarquez, le résultat aurait probablement été le même s’il avait croqué des chips, des noisettes ou des craquants du Père Craquant. Et d’une façon générale, quiconque a pratiqué le prétendu « déjeuner de travail » sait que l’on ne fait rien de bien efficace en mangeant – ni manger, ni travailler. Mais bon, ne chicanons pas et exploitons la découverte allemande comme elle le mérite. En supprimant sans tarder les seaux de popcorn aux sessions du Congrès américain et aux séances du Conseil des ministres français. On y gagnera chez nous l’harmonie gouvernementale, et l’Oncle Sam pourra peut-être se doter d’un budget. Avant que les citoyens ne suppriment le grain dans la basse-cour des élus.

La recette du jour

Négociations au popcorn

Les affaires sont difficiles et vous avez des informations désagréables à communiquer à vos salariés. Réunissez leurs représentants et servez force popcorn, chips et graines diverses qui se mâchonnent dans le vacarme cérébral. Vous obtiendrez l’adhésion sans sourciller. Si la grogne repart le lendemain, recommencez jusqu’à épuisement de votre garde-à-manger.

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