Saint-Valentin, peace

Saint-Valentin, peace and love

Quand on aime, on ne compte pas. Oui, bon, voilà un adage coûteux que l’on doit sans doute à la corporation des fleuristes, des bijoutiers ou des restaurateurs. Tous sont les heureux bénéficiaires de la Saint-Valentin, fête des amoureux presque partout dans le monde. Même en Inde où les factions conservatrices protestent contre cette importation occidentale qui nuirait à leur culture (voir ici, pour ceux qui parlent l’hindi). Car c’est à Valentin de Treni, un moine italien canonisé par Alexandre IV, que l’on doit cette célébration : l’empereur Claudius Gothicus le fit entôler (le moine mariait en secret les jeunes hommes, pour les dispenser du service armé), puis le fit décapiter le 14 février 269, après que le prisonnier eut rendu la vue à la fille de son geôlier. Voilà qui était chrétiennement charitable, mais Claudius était trop occupé à tailler en pièces les Barbares – en témoigne la Colonne des Goths à Istanbul – pour tolérer la naissance du premier mouvement peace and love de l’histoire romaine. Depuis lors, les jeunes gens préfèrent l’amour à la guerre, au moins le jour de la Saint-Valentin. Une date à laquelle tous les couples renouvellent leurs vœux d’affection : les scènes de ménage sont prohibées, sauf si monsieur, par distraction ou par pingrerie, oublie de célébrer l’événement. Vous êtes prévenu.

On peut s’étonner qu’une fête symbolisant l’amour et la paix se soit ainsi propagée dans un monde bouffi de haine et meurtri de conflits. Mais peut-être est-ce une façon de renouer avec les Lupercales, fêtes très païennes de l’Antiquité romaine qui célébraient la fécondité, et auxquelles la Chrétienté aurait habilement substitué la Saint-Valentin. On s’en doute, les Lupercales étaient prétexte à des pratiques luxurieuses plus qu’à des démonstrations d’amour courtois. En foi de quoi bien des soupirants contemporains de la Saint-Valentin, après avoir offert leurs engagements éternels, leurs présents d’orfèvrerie, leurs fleurs fraîches ou leurs roses en or – la tendance dominante cette année, en Chine –, après un très romantique dîner aux chandelles, les soupirants auront probablement des idées derrière la tête, si l’on peut dire. On ne saurait trop recommander aux valentines de faire preuve aujourd’hui de la plus extrême vigilance, et de se remémorer ces quelques vers de la Légende de la nonne de Brassens : « Quelquefois les brigands surpassent/En audace les chevaliers/Enfants, voici des bœufs qui passent/Cachez vos rouges tabliers ».

La recette du jour

Les aléas de l’état-civil

C’est aujourd’hui le 14 février, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Si vous vous prénommez Pierre, Jacques ou Tartempion, vous connaissez vos obligations pour la fête des amoureux. Si vous avez été baptisé Valentin, rendez grâces à vos parents : c’est vous qui serez enseveli sous l’affection et les cadeaux.

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