Suisse : l'immigration

Suisse : l’immigration au coffre

On va sans doute noter un regain d’effervescence dans les chancelleries européennes, ce matin. Surtout chez nous. Il y a déjà la capture de cette conversation téléphonique entre la diplomate américaine Nuland et son ambassadeur à Kiev, qui illustre le fond et la forme de la politique des States à l’égard de l’UE. Voilà un lever de rideau inopportun pour le voyage officiel de notre Président à Washington, précédé par une tribune signée par les deux Chefs d’Etat, supposée illustrer l’excellence des relations entre les deux pays, le niveau de confiance mutuelle et le bénéfice évident que les parties auraient à titrer d’un grand accord transatlantique sur le commerce, que la Maison Blanche appelle de ses vœux avec l’assentiment de la Commission, mais sous les plus expresses réserves de bon nombre d’Etats-membres. Et le plus grand scepticisme des populations, qui ne seront de toute façon pas consultées sur la question.

Il faut reconnaître que les citoyens européens se défient de plus en plus de leurs représentants, ce pourquoi ces derniers préfèrent éviter de les consulter. Ou ignorer purement et simplement les résultats d’un scrutin non conformes à leurs convictions. Il semble que le même état d’esprit prévale en Suisse, mais les Helvètes se montrent respectueux des principes de la démocratie directe. Ainsi, le référendum résultant de l’initiative populaire « contre l’immigration de masse », proposé par le parti UDC (conservateur), vient-il d’obtenir la majorité. A la surprise générale, même celle de ses initiateurs. Cette votation a pour effet direct de mettre en cause la signature suisse des accords de Shengen. Et de soumettre à quotas tant les demandeurs d’asile que… les travailleurs frontaliers, parmi lesquels de très nombreux Français. Pour satisfaire les besoins de ses entreprises en emplois spécialisés, la Suisse n’a pas d’autre solution que de recruter hors de ses frontières ; autant dire que les milieux d’affaires ne sont pas vraiment satisfaits de cette votation. Sachant que seule une moitié de la population s’est rendue aux urnes, et qu’une majorité minuscule s’est dégagée (50,3%), ce sont donc 25% des Suisses qui ont décidé d’une mesure qui emporte des conséquences considérables, tant pour l’économie du pays que pour ses relations avec l’UE. Moralité : que l’on respecte les résultats des urnes comme en Suisse, on que l’on s’assoie dessus comme dans l’UE, la démocratie génère autant d’embêtements. Voilà qui ne devrait pas manquer de susciter des débats enflammés.

La recette du jour

Le prix de l’Eden suisse

Si vous désirez résider en Suisse pour y protéger votre fortune, les frontières vous demeurent ouvertes. Encore que certains cantons mettent en cause le système du forfait fiscal. Mais si vous voulez travailler dans le pays, les choses vont devenir plus compliquées. A moins que ne soit instaurée une taxe pour les candidats à l’immigration.

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