Travail : la ruineuse

Travail : la ruineuse excellence française

La France est vraiment un pays d’exception, et aussi d’exceptions : la plus célèbre est son exception culturelle, qu’elle cultive avec constance en dépit de l’intermittence de ses acteurs. Cela dit, les gens du spectacle ne sont pas les seuls à subir des carrières chaotiques, comme en témoigne le niveau général du chômage, dont l’Insee vient de pronostiquer qu’il ne baissera pas cette année, contre l’avis et les espérances du Gouvernement. Contrairement aux allégations tendancieuses de certains observateurs, notre pays n’est pas « à la traîne » du peloton européen ; notre pays fait plutôt figure de précurseur dans le monde qui se dessine depuis quelques décennies. Des sociétés dans lesquelles les avancées technologiques, la robotisation et les percées du numérique libèrent les hommes de quantité de taches plus ou moins harassantes, plus ou moins valorisantes, plus ou moins spécialisées. De plus en plus spécialisées, même, puisque les logiciels parviennent à déloger les traders de leurs fauteuils capitonnés. On ne cesse de vouloir alléger le travail humain et nous autres Français y sommes largement parvenus. Nous sommes un peuple à la pointe de la modernité, pour avoir réussi à réduire massivement le travail des hommes. Enfin, une demi-modernité, car nous n’avons pas encore trouvé les moyens d’assurer le quotidien de ceux qui ne peuvent plus compter sur leur salaire. Il nous manque l’argent pour financer notre remarquable modernité.

Les statistiques viennent confirmer cet état de fait. Dans sa dernière étude sur le sujet, l’institut Rexecode livre son diagnostic sur le travail : avec les Finlandais, les Français sont ceux qui passent le moins de temps au boulot. Les optimistes s’en réjouiront, car c’est le témoignage d’une excellente productivité de la main d’œuvre française. Les pragmatistes s’en désolent, car ce pourrait être la principale raison de la faiblesse de la production nationale – l’Insee vient d’abaisser ses prévisions de croissance en deçà des attentes de Bercy, qui campe sur ses positions. En moyenne, le salarié français a travaillé 1.661 heures l’année dernière ; son homologue teuton 186 heures de plus et le Roumain 438… Mais à l’intérieur de l’Hexagone, les disparités sont encore plus fortes : les non-salariés français ont aligné 2.372 heures de boulot l’année dernière. On pourra toujours soupçonner les Indépendants d’être moins productifs que les salariés, pour investir davantage de leur temps dans le travail ; mais les stats démontrent qu’ils sont nettement plus prospères – en moyenne. Selon quoi il n’est peut-être pas faux de prétendre que travailler plus permet de ne pas gagner moins.

La recette du jour

Prospérité par l’initiative

Vous estimez que votre salaire ne rémunère pas votre contribution à sa juste valeur. C’est peut-être vrai. Devenez entrepreneur individuel. Vous ne gagnerez pas nécessairement plus, mais comme vous travaillerez davantage, vous aurez moins de loisirs pour dépenser vos sous.

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