Une semaine sans ballon

Une semaine sans ballon

Grève du foot ! Non, mais ça va pas ? C’est la première fois dans l’Histoire que des entreprises décident de baisser le rideau de leur propre initiative. Et pas n’importe lesquelles : les premiers fournisseurs du pays en loisirs culturels. Jamais on ne verra les théâtres parisiens fermer délibérément leurs portes ; encore que ce ne soit pas demain la veille que leurs acteurs gagneront plus d’un million par an. Une semaine sans foot, c’est un événement purement inimaginable. Oui, on sait bien qu’il y eut la grève de l’OL en 1972 ; mais ce sont les joueurs qui décidèrent alors de lever le pied. Pour pouvoir passer les vacances de Pâques avec leurs mouflets (en ce temps-là, les footeux avaient une famille ; ils n’étaient pas obligés de courir la gueuse dans les boîtes de nuit). Les conséquences d’une grève du foot sont bien plus redoutables que celles d’un shutdown américain ou d’un tsunami japonais : que vont faire les millions d’accros du ballon rond le week-end du 1er novembre ? On voit d’ici le tableau : ils iront soigner leur dépression avec leurs copains au bistrot du coin, au lieu de picoler gentiment devant leur télé. De multiples psychodrames matrimoniaux en perspective. Pas étonnant que 85% d’entre eux soient fermement hostiles à l’interruption du spectacle, bien que favorables dans la même proportion à la fameuse taxe de 75%. Ça, c’est bien le Français : il est toujours d’accord avec les impôts massacrants, pourvu que ce soient les autres qui les paient.

Les Clubs ont-ils bien mesuré la portée de leur bronca ? Croient-ils pouvoir s’exonérer de cette nouvelle ponction ? Il est vrai qu’en ce moment, c’est plutôt payant de contester une décision du Gouvernement. Mais sevrer ainsi son public, ce n’est pas humain. Et les joueurs, hein ? Les mettre de la sorte au chômage technique, ce n’est pas très bon pour leur psychisme fragile. Le problème est le même partout où l’argent a envahi le sport. Voyez la colombophilie : les Chinois sont passionnés par la discipline. Maintenant qu’ils sont devenus millionnaires, sans trop payer d’impôts, ils viennent pourrir la vie des humbles coulonneux flamands. Les pigeons-vedettes se voient désormais offrir des contrats aussi spectaculaires que ceux du mercato. Avec les dommages collatéraux prévisibles sur le mode de vie de ces nouvelles stars : des pigeons se sont fait épingler pour s’être poudrés le bec à la cocaïne. D’aucuns sont même suspects d’avoir suborné des mineures dans les pigeonniers dansants. Moralité : l’argent va jusqu’à pourrir la réputation des blanches colombes.

La recette du jour

Pigeon coco en casserole

Vous serez privé de foot le week-end du 1er novembre. Profitez de cette disponibilité imprévue pour vous mettre aux fourneaux. Et cuisinez un pigeon aux petits-pois. Si votre famille plane après la première bouchée, c’est que vous avez rôti un pigeon-voyageur belge. Conservez la carcasse et vendez-la aux Chinois.

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