Bilan 2021 des fouilles

Bilan 2021 des fouilles archéologiques de la Colline du Château de Nice

• Près de 400 visiteurs • Mise en place de protocoles innovants pour dater les sépultures et prélever les mobiliers archéologiques • Transmission des savoir-faire aux étudiants • Datations renouvelées de la première Cathédrale

Bilan de la campagne 2021 de fouilles archéologiques de la Colline du Château

Le site archéologique de la Colline du Château de Nice est situé sur le plateau supérieur du parc. Si l’ensemble de la ville médiévale demeure encore enfoui, la cathédrale Sainte-Marie et ses abords ont été mis au jour dès le milieu du XIXe siècle. Les fouilles archéologiques du site ont repris en 2009 et se concentrent sur le cimetière depuis 2017.

Les découvertes réalisées dans le cimetière vont dans la continuité des recherches des années précédentes. Les tombes exhumées cette année appartiennent essentiellement à la phase d’occupation funéraire comprise entre le XIe et le XIIIe siècle. L’une des caractéristiques du cimetière médiéval de la Colline du Château est la présence anachronique de tombes sous tuiles en bâtière. Ces structures funéraires sont surtout connues pour la période comprise entre le IIIe siècle et le VIIe siècle. Or, les observations archéologiques ainsi que des datations radiocarbones les placent clairement à la période du Moyen-âge. A ce jour, l’exemple de ces structures funéraires atypiques est unique dans le paysage funéraire médiéval du Sud de la France tant par leur datation que leur nombre conséquent (plus de 40 ont été fouillées et analysées).

Cette année, la fouille de nouvelles bâtières s’est accompagnée de la mise en place d’un protocole particulier en vue d’affiner les datations des sépultures autant que des constructions qui les accueillent. Ainsi, une équipe spécialisée en datation par thermoluninescence et par luminescence stimulée optiquement est venue prendre des mesures de radioactivité des sépultures directement pendant leur fouille. En effet, ces techniques de pointe nécessitent que l’altitude et la radioactivité soient connues afin de calibrer les appareils et les mesures. Ces méthodes de datation mesurent le temps écoulé depuis la dernière chauffe d’une céramique ou le temps depuis lequel les minéraux contenus dans le sédiment ont été enfouis. Elles permettent, avec les datations plus classiques par radiocarbone et par typologie des sépultures, d’affiner et de sécuriser les datations obtenues précédemment. C’est de cette manière que l’évolution des modes d’inhumation sur la Colline du Château vont être précisés et permettre ensuite aux anthropologues de mieux comprendre les pratiques de nos ancêtres.

À côté de ces nouvelles méthodes de datation, de nombreux objets ont été mis au jour. Là encore, le service d’Archéologie Nice Côte d’Azur a innové avec la mise en place d’une politique de prélèvements des mobiliers archéologiques, assistée par une spécialiste de la conservation préventive en vue de ralentir les processus de dégradation des objets lorsqu’ils sont sortis de leur contexte sédimentaire. Ainsi, notre conservatrice-restauratrice a mis en place un protocole spécifique pour les fouilles de la Colline du Château, garantissant une meilleure conservation à long terme du mobilier archéologique et évitant ainsi que les objets requièrent de lourdes restaurations à l’avenir.

Les fouilles ont été conduites par plusieurs membres du service d’Archéologie Nice Côte d’Azur aidés par des étudiants bénévoles qui viennent, chaque année, se former aux techniques de l’anthropologie sur le terrain aussi bien qu’en laboratoire. Cette transmission des savoir-faire auprès des futurs archéologues est une composante essentielle pour garantir une haute technicité des fouilles qui seront prises en charge à l’avenir par ces futurs archéologues.

Parallèlement au chantier du cimetière de la cathédrale médiévale, les fouilles ont également repris dans la cathédrale elle-même afin d’explorer les niveaux les plus anciens qui témoignent des premières installations paléochrétiennes.
Deux zones ont été privilégiées : le chœur et son avant-chœur ainsi que le collatéral sud. Dans le chœur, plusieurs structures (murs et sols) antérieures à la cathédrale médiévale ont été mises au jour. L’important mobilier archéologique exhumé va permettre de proposer des datations renouvelées qui permettront de vérifier à quel moment, précisément, la première cathédrale a été mise en place. Jusqu’alors, la datation du Ve siècle reposait sur un faisceau d’indices sans qu’une fouille minutieuse ne vienne confirmer ou modifier cette datation. Le mobilier archéologique collecté va ainsi permettre de trancher la question et l’expertise fournira tous les éléments. Dans le collatéral sud, une structure hydraulique, dont la fonction n’a pas encore été déterminée, a été découverte à son extrémité ouest. Ces niveaux font partie des premiers vestiges observés de l’occupation antique de la Colline du Château. Mise au jour en fin de fouille, cette structure sera fouillée plus finement lors de la prochaine campagne.

Enfin, à l’instar des sépultures, des mesures de radioactivité ont été prises à différents endroits du site, spécifiquement sur des maçonneries, en vue de leur datation selon des principes similaires décrits précédemment. Le travail de post-fouille en laboratoire débute désormais et apportera rapidement de nouvelles données sur l’occupation antique et médiévale de la Colline du Château.

Photo de Une : Les fouilles se poursuivent depuis 2007 ! DR Métropole Nice Côte d’Azur

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