À en faire tourner les

À en faire tourner les têtes de linotte...

Les maires réunis en congrès à Paris ont, une nouvelle fois, dénoncé cette bureaucratie bien française et son excès de règles qui ralentit et parfois paralyse leurs actions. Leur président, le Cannois David Lisnard, ne cesse de le répéter. Il a eu l’occasion de s’en entretenir avec des candidats encore putatifs à la prochaine présidentielle - Édouard Philippe, Xavier Bertrand, François Hollande… qui sait - et chacun, la main sur le cœur, a noté la pertinence de cette remarque et promis qu’on allait enfin voir ce qu’on allait voir. Sans vouloir doucher les enthousiasmes, rappelons que la « simplification » est au moins aussi vieille que la Ve République. Que d’autres avaient déjà promis la suppression obligatoire d’un texte devenu obsolète pour toute adoption d’un nouveau, et qu’en son temps l’académicien Jean-François Deniau avait été nommé ministre des réformes administratives dès 1980, avec le succès que l’on sait. Mais sans ses travers, la France ne serait pas tout à fait la France…


Ainsi donc nous sommes tous de parfaits imbéciles pour ne pas avoir compris « l’humour » de cette influenceuse qui sur son réseau « social » se filmait en déclarant :
« À chaque fois que je tombe sur l’histoire du bébé qui a été mis dans le four, je me pose la question de s’ils ont mis du sel, du poivre, s’ils ont mis du thym ». Au tribunal correctionnel de Paris où elle comparaissait pour apologie du terrorisme, elle a expliqué qu’elle n’est pas antisémite, mais alors pas du tout, et qu’elle voulait dénoncer par cette vidéo une « propagande » et une « manipulation des médias ». Sans sourciller, elle a déclaré à la barre regretter que le public « n’ait pas eu l’intelligence de comprendre le message que je voulais faire passer  ». Chère Madame, je crois au contraire que nous avons trop bien compris. Dix mois de prison avec sursis requis, en délibéré au 6 décembre.


Vendre des cartouches de chasse chez le buraliste du coin, mais quelle bonne idée ! Elle vient d’être annoncée par le très sérieux patron du service central des armes et explosifs auprès du ministère de l’Intérieur. Car selon lui, les nemrods ruraux doivent parcourir 60 à 70 kilomètres pour s’en procurer. Du seul fait de l’éloignement, ils en stockeraient «  beaucoup, ce qui n’est pas très optimal en termes de sécurité  ». On imagine assez facilement la suite : pourquoi ne pas pouvoir acheter un fusil de chasse à l’épicerie ou à la pharmacie du coin ? Pas très rassurante cette annonce « explosive »…


Il y a une vingtaine d’années, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’Intérieur, puis de la Défense et enfin de l’Éducation nationale, s’était attiré les foudres d’une gauche bien pensante quand il avait osé qualifier de « sauvageons » des ados se livrant à des dégradations sur la voie publique. Pour certains, ce mot était trop dur, trop stigmatisant. Heureuse époque, en fait, à comparer à maintenant, où les « sauvageons » harcèlent leurs copains parfois jusqu’au suicide, où l’on en arrive à tuer parce qu’on n’est pas à une fête de village, où les plus basses récupérations politiques nourrissent la haine de l’autre, où des têtes de linotte publient tout et n’importe quoi sur les réseaux très peu sociaux.

J.-M. CHEVALIER

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