Dis Tonton, pourquoi (...)

Dis Tonton, pourquoi tu tousses ?

Le projet de loi de finances a donc été présenté au Conseil des ministres avec la volonté affichée de concilier l’inconciliable : les nécessaires économies et des demandes de financement toujours plus pressantes. Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont déjà mangé leur pain blanc. Car la suite, l’adoption du budget, va se révéler difficile, comme l’an passé, faute de majorité. Il leur faudra compter non pas sur mais avec des partenaires LR, pas toujours bien disposés à l’égard de l’exécutif, qui se refont la fraise en donnant dans
l’Hémicycle des leçons de gestion d’autant plus exemplaires qu’ils ne sont pas en responsabilité. La question de l’usage du 49.3 n’en est plus une. Élisabeth Borne y aura forcément encore recours pour éviter le blocage-retoquage.
Le Maire a fait ses calculs sur la base d’une croissance à 1 % en 2023 et à 1,4 % en 2024. Un optimisme tempéré par la Banque de France et par l’Insee. Par le président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici aussi, qui souligne que ce PLF contient « peu de mesures d’économies structurelles » : et il s’y connaît pour avoir lui-même occupé le fauteuil de Bercy, et fait adopter des budgets en déséquilibre...
Le déficit frôlera les 5 % et on restera sans doute au-dessus de la barre des 3 000 milliards de dette publique. Quant au ruissellement d’argent, qui a épargné les plus modestes des Français mais pas les sociétés concessionnaires d’autoroutes, il a fini par attirer l’attention de Bercy qui prévoit dans le PLF 2024 une petite taxe sur leurs gros bénéfices. Pour faire bon poids, les aéroports seront aussi mis à contribution.


Avec Vladimir Poutine, pas besoin d’en rajouter, lui qui voit des néonazis partout, au-delà des frontières de défunt le rideau de fer s’entend. Aussi la boulette commise la semaine dernière dans l’enceinte de l’Assemblée au Canada à l’occasion de la visite de Volodymyr Zelensky est-elle de très gros calibre. Croyant faire applaudir un héros ukrainien de la seconde guerre mondiale, les députés ont en fait rendu hommage sans le savoir à... un ancien nazi, membre de la sinistre Waffen SS. Le tollé qui s’ensuivit lorsque l’erreur fut découverte emporta le président de la Chambre. C’est bien le moins. Le «  héros » à l’origine de cette gaffe est Yaroslav Hinka, 98 printemps, dont on ignore s’il passait une retraite sans remords dans sa cabane au Canada. Le voilà rattrapé par son passé, puisque le Premier ministre polonais réclame son extradition. Qui a commis cette boulette qui fait encore ricaner à Moscou ? Mystère. Il se peut qu’à la fin de la seconde guerre mondiale Hinka soit passé comme tant d’autres à travers les filets (à grosses mailles) tendus par les Américains et leurs alliés pour aller à la pêche aux anciens nazis.

J.-M. CHEVALIER

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